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494 ALEXANDRE DUFIEUX. adressé, un écho si pur, si mélodieux, un fond de pensées si justes, si nobles, si élevées, était la preuve certaine d'un ta- lent qui pourrait à son tour devenir original. De ce moment, des relations qui survécurent aux espérances littéraires du poète lyonnais, s'établirent entre lui et M. de Lamartine; relations plus sérieuses que ne les engendre d'ordinaire, avec un homme en possession de la renommée, l'hommage d'une pièce de vers et qui témoignent de l'estime profonde que le caractère du jeune débutant avait inspiré au grand écrivain. Admise plus d'une fois au droit de représentation et de conseil par l'homme de bienveillance el de génie, cette amitié si honorable pour Alexandre Dufieux lui laissa toute l'indépen- dance de ses convictions personnelles et s'exerça, en quelques occasions, avec une franchise bien accueillie qui témoigne de la noblesse des deux natures restées unies malgré la dissi- dence de leurs opinions. Le petit nombre de poésies, publiées depuis ce début, par Dufieux, ou qu'il nous a été donné de lire en manuscrit, n'ont pas dépassé l'œuvre qui le révéla; un cahier de pièces de choix marquées, sans doule, d'un caractère plus mûr et plus personnel, fut perdu ou dérobé pendant un des nom- breux voyages que faisait l'auteur , non pas comme touriste littéraire, mais comme négociant ; une pièce inédite nous peint avec une gaitô pleine de couleur, mais, qui n'est pas sans amertume, une de ces courses du poète transformé en com- mis voyageur. Les nécessités de la vie, le Res angusta domi, ne devaient pas être les seuls obstacles apportés à la pleine éclosion de ce talent. Dès 1832, la santé de Dufieux, grave- ment altérée, vint compliquer pour lui les difficultés du tra- vail intellectuel, el ne lui laissa pas le temps de dégager sa personnalité poétique. Mais, ce qu'il fut dès son premier ar- ticle, comme prosateur, nous donne la mesure de ce qu'aurait pu devenir, en poésie, l'auteur des vers si purs, si harmonieux,