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ALEXANDRE DUFIEUX. 493 Il n'a jamais songé à réunir, pas même à conserver pour lui, ses articles de journaux et ses trop rares poésies. Nous retrou- verions difficilement, aujourd'hui, un grand nombre des pages où s'est manifesté cet esprit distingué qui n'a pas voulu lais- ser un monument de lui-même. Qu'il ait au moins dans les modestes annales de la Revue un pieux souvenir ; l'hommage en est dû à l'homme de talent et à l'homme de bien. Alexandre Dufieux naquit à Vaise, le 6 octobre 1806/ il fit ses études au pensionnat de l'Enfance, à la Croix-Rousse, la même institution, si nos souvenirs sont fidèles, qui avait reçu et vu s'évader Lamartine enfant. Malgré des goûts littéraires déjà très-prononcés, Dufieux se résigna au sortir de sa rhé- torique, à entrer dans une maison d'épiceries, au moment où les plaisanteries des petits journaux romantiques allaient don- ner à ce genre de commerce un si haut relief d'anli-poésie. Toute la journée, un rude travail attestait l'obéissance du jeune homme à la volonté paternelle; mais la nuit était donnée aux lectures favorites et à des essais de composition. Admis, dès lors, dans divers cercles littéraires de notre ville, le jeune Dufieux n'obtint une certaine notoriété qu'en 1831, mais son début eut un éclat qui parvint jusqu'aux écoliers d'alors, et qui nous est encore présent. Dans un recueil littéraire fondé à Lyon, après 1830, par une réunion de jeunes gens rappro- chés de lui par des croyances communes, dans la Revue pro- vinciale, dirigée par M. Ennemond de Nolhac, gracieuse in- telligence disparue aussi prématurément, et M. Alphonse deBoissieu, notre éminent archéologue, Dufieux publia une première pièce de vers adressée à M. de Lamartine. L'effet en fut très-grand à Lyon, et tout le monde y vit la promesse d'un poète qui ferait honneur à notre ville. Ce que l'on apprit des occupations habituelles de l'auteur augmenta encore l'admiration par l'étonnement et la curiosité. Malgré l'évidente imitation du maître illustre auquel ce morceau était