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444 JEANNE D'ARC.
Et de fuir devant nos soldats.
Je la vois se jeter dans l'ardente mêlée
Où, clirétienne Penthésilée,
Elle ouvre aux vaillants un accès !
Je la vois se dresser sur la sanglante échelle
D'où, quand gronde l'assaut, si leur valeur chancelle,
Sa voix excite les Français !
C'est que l'enthousiasme exalte son courage !
C'est que son but est grand ! c'est que Dieu la conduit !
Et jamais par l'orgueil qui, dans tout cœur surnage,
Son cœur simple ne fut séduit.
La dernière toujours, d'un combat revient-elle,
Elle prie, et, dans un saint zèle,
Abaisse son front triomphant.
Ne s'attendrit-on pas sur sa douce nature,
Quand l'aspect de son sang qui sort d'une blessure,
Lui fait verser des pleurs d'enfant?
Orléans à son bras devra sa délivrance...
La Pucelle y conquiert son immortel renom.
Gloire à son étendard ! oh ! l'ange de la France
A du s'incarner sous son nom !
A tous ces chevaliers, lassés par les défaites,
Qui de leur pays, dans les fêtes,
Oubliaient les fers oppresseurs,
Elle apprend à braver, pour une cause sainte,
Tous les périls, à vaincre, à rejeter la crainte
Dans le sein des envahisseurs.
Est-ce assez qu'à ta voix, à ton élan sublime,
La France, ô Jeanne d'Arc ! de colère ait vibré ?
Non : il faut que dans Rheims, comme roi légitime,
Le Gentil Dauphin soit sacré.
L'Anglais, terrible encor, ferme partout la route ;
Qu'importe ? sous l'auguste voûte