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434 BULLETIN B1BLIÔGIUPHIQUE, superbe, que le soleil n'a pas encore tout à fait assez mûrie. Dans quelques jours, elle aura toute sa saveur. Les Éphémères, sonnets, par JoséphinSoulary, troisième série, Lyon, 1857, in-8. Sous ce titre modeste, M. Soulary vient de publier trente sonnets dont vingt-cinq au moins resteront comme des modèles de concision, d'énergie et de pensée. Pas un mot n'est donné au hasard, pas un vers n'est faible ou languissant ; l'image, est vive, nette ; les contours sont vigou- reusement accusés; parfois même le naturalisme se fait-il un peu trop vivement sentir. Le second de ces petits poèmes peut être cité comme exemple. On y retrouve toutes les qualités et les défauts de l'auteur : perfection de la forme, profondeur de l'idée liberté de la parole qu'une jeune fille ne pourrait entendre, mais qu'on se permet entre hommes, le sexe fort étant moins impres- sionnable que le beau sexe, ainsi que cela est généralement prouvé. Le voici : LE SONNET. « Je n'entrerai pas là , dit la folle en riant, « Je vais faire éclater cette robe trop juste. » Puis elle enfle son sein, tord sa hanche robuste, Et prête à contre-sens un bras luxuriant. J'aime ces doux combats et je suis patient. Dans l'étroit vêtement qu'à son beau corps j'ajuste, Là , serrant un atour, ici, le déliant, J'ai fait, passer enfin tête, épaules et buste. Avec art, maintenant, dessinons sous ses plis La forme bondissante et les contours polis. Voyez ! la robe flotte, et la beauté s'accuse. Est-elle bien ou mal en ces simples dehors ? Rien de moins dans le cœur, rien de plus sur le corps, Ainsi j'aime la femme, ainsi j'aime la Muse. Nous ne croyons pas que le latin de Tacite soit plus concis ni qu'on puisse faire entrer plus de pensées et plus d'images, dans