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 418                       BIBLIOGRAPHIE.
  le motif, que le demandeur était pauvre et que le défendeur était
  riche.
     Je ne m'arrête pas sur les fédérations qui célébrèrent l'anniver-
  saire du 14 juillet 1789. Le souvenir en a été amer pour les
 contemporains. Leur description, sans intérêt pour la postérité,
 convient peu à la gravité de l'histoire. Les espérances du public,
 les consolations de Louis XVI furent éphémères comme le
 ballon lancé, avec la devise, Je naquis dans le despotisme et je
 m'élève en liberté. Il m'est resté une impression de mon enfance : j'ai
 vu en présence deux partis qui se mesuraient ; j'ai assité à l'un de
 ces serments de fidélité à la nation, à la loi et au roi, qui étaient
 l'ornement obligé de nos fréquentes cérémonies. Des bandes sinis-
 tres répétaient avec un cri menaçant : Vive la nation ! vive la loi !
 XJne majorité, calme et attendrie, levait le chapeau, rompait son
 silence et répondait à son tour : Vive le roi ! Il était enfermé aux
 Tuileries ; il souffrait dans son corps et dans son âme. Il lui était
 interdit de faire aucun bien et d'empêcher aucun mal.
    Les fédérations, selon M. Morin, étaient la sanction de l'ordre
 établi, et la garantie delà paix publique. Elles avaient terrifié,
 dit-il, les conspirations aristocratiques et fait tomber les jacque-
ries contre les châteaux. Cependant toute fête nationale était
suivie d'une émeute. Trois soldats suisses furent assaillis, le 4!)
juillet, à la presqu'île Perrache. L'un d'eux fut égorgé, les yeux
lui furent arrachés et son corps fut pendu à une lanterne. Sept
jours après ce guet-apens, le drapeau rouge fut déployé. La garde
nationale fut commandée pour défendre l'arsenal contre l'assaut
des factieux et pour désarmer le quartier de Bourgneuf insurgé
contre elle.
    L'agitation était produite par des clubs nombreux ; chacune de
nos trente-deux sections avait le sien. M. Roland y avait coopéré;
il les faisait correspondre avec un club central, et il les avait
dénommés Amis de la constitution. Il s'alarma d'une répression
nécessaire. Sa femme écrivait, le 26 juillet, à leur ami Bancal:
« La révolution est perdue à Lyon. Ce pays est incurable. On
« pousse le peuple pour être autorisé à déployer des rigueurs
« contre lui ; la municipalité le trahit. » Qui donc à Lyon avait