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                         BIBLIOGRAPHIE.                        419
imaginé ce plan infernal ? ce n'était pas l'aristocratie des petits
nobles et des gros marchands qui déplaisait tant à Mme Roland.
   Le vœu de la majorité et de l'élite des Français, était une
monarchie tempérée. Il fallait donc, pour relever le sceptre royal,
calmer et non pas enflammer la révolution. Il serait injuste de
voir dans les projets qui furent médités tour-à-tour, une cons-
piration coupable contre un ordre légal. A cet égard tout est
resté dans l'obscurité, parce que rien n'était praticable pour le
salut de Louis XVI. Il avait toutes les vertus chrétiennes; mais
il lui manquait l'épée de saint Louis pour posséder un royaume
en ce monde.
   L'émeute avait eu pour prétexte, ou pour but, d'abolir les
barrières et de remplacer les droits d'entrée par un impôt sur
les habitations. Il y avait encore conflit pour la circulation des
 grains, leur achat par la ville, le prix réduit du pain, sa qualité
égale sous une même couleur, le passage d'un régiment, le sé-
jour de la garnison. Peu importait l'ordre du ministre de la
guerre. Je ne vois là qu'une minorité turbulente qui ruinait le
trésor public et qui enlevait à la société tout moyen d'exister.
Mais M. Morin y retrouve la généralité du peuple qui a Dieu pour
 chef, et qui, toujours en avant, dicte ses décrets à l'assemblée
nationale.
   Cependant, sans avoir consulté le peuple, l'assemblée redoublait
sa création d'assignats. La chambre de commerce de Lyon en si-
gnala les maux. Jamais le présent n'a été mieux apprécié, ni l'a-
venir mieux prévu. Tout papier monnaie d'un cours forcé, est
l'impôt le plus injuste et le plus désastreux. Les pays étrangers
exigeaient de leurs acheteurs et de leurs débiteurs une valeur
métallique, et ils se libéraient envers nous avec un papier fictif,
qui souvent ne provenait pas de la fabrique française. L'indus-
trie des faussaires fut désespérante. On a raconté qu'un émigré,
ancien contrôleur général de nos finances, l'avait assimilée à une
ruse de guerre. En Suisse, en 1793, et en 1794, on vendait pu-
bliquement des assignats sans nier leur contre-façon.
   Selon M. Morin, les plaintes de la chambre de commerce
étaient intempestives, parce qu'il ne s'agissait pas de la prospé-