Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                            BIBLIOGRAPHIE.                         417
  et l'ouvrier qui exécute ; mais quant au marchand qui expédie et
  qui vend, il le répute onéreux à celui qui fait et à celui qui con-
  somme. Il accuse le capitaliste d'arrêter l'essor du génie, de l'art
" et du travail. A quoi bon une telle boutade ? Le commerce, que
  le président Montesquieu appréciait autrement que M. Roland,
  n'avait point dégradé notre ville. Son exercice se partage entre
  l'artiste, l'ouvrier et le marchand, par une loi de la nature qui
  repartit à chaque individu un talent spécial. L'ouvrier le plus
  habile ne joint pas à sa science l'occasion de se fournir la matière
  première, de l'approprier à la consommation et de la vendre sur
  le marché le plus favorable. M. Roland le savait bien; mais il
  était entraîné par l'ambition d'innover et de plaire à la multitude.
  En 1787, il avait porté à l'académie de Lyon le projet de ne plus
  respecter l'homme dans son tombeau et de tirer de sa dépouille
  une huile pour l'entretien de nos réverbères.
      Ardente à la politique de son mari, Mme Roland écrivait, le 22
  juin, à leur ami Bancal, qu'à Lyon, il n'y avait pas un homme
  libre « que c'était une aristocratie de prêtres, de petits nobles, de
  « gros marchands et de robins ; que le peuple seul chérissait la
  « révolution. Mais qu'il était peu instruit. » Elle se trompait
  dans ses dédains. La nouvelle municipalité lui présentait plus
  d'un homme aussi libre qu'elle, et d'un amour égal pour la
  révolution. Quoique moins révolutionnaire, le peuple de Lyon
  était aussi instruit que le peuple de son pays.
      Divisée en plusieurs délégations, la municipalité luttait contre
  toute administration supérieure ; Chalier y était influent. Il
  devint officier municipal en 1791, et il parvint à la présidence du
  tribunal de district, qui succédait à nos jurisdictions supprimées,
  la Sénéchaussée et la Conservation consulaire. Il était Piémontais
  quoique son nom n'eût rien d'italien. Il était né dans la campagne
  de Suse, et il avait un frère à Saint-Jean de Maurienne, en Savoie.
  Il connaissait, sans doute, les usages du commerce ; car après
  diverses courses, et d'autres essais infructueux, il était venu
  s'associer à Lyon avec un commissionnaire pour la soierie ; mais
   il était étranger à notre législation. Sa magistrature fut un délire.
  J'ai lu une sentence de condamnation portée par lui, fondée sur
                                                           27