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370 L'INSTITUT croit devoir rechausser aux yeux de la multitude la dignité de ses membres, quelle n'est pas la vraie grandeur de cette académie merveilleuse qui s'appelle l'Institut de Salomon ! Après avoir analysé le plan de Bacon, Cordorcet, dans son enthousiasme , s'écrie : « Voila ce qu'un esprit créateur a osé concevoir dans un siècle couvert encore des ténèbres d'une superstitieuse ignorance , ce qui n'a paru longtemps qu'un rêve philosophique, ce que les progrès rapides et des sociétés et des lumières donnent aujourd'hui l'espoir de voir réaliser par les générations prochaines, et peut-être commencer par nous-mêmes (1). » L'autorité, les richesses, les moyens les plus variés et les plus puissants d'expérimentation, des tours sur les plus hautes montagnes avec des ermites voués à la science, des cavités profondes, des étangs d'eau douce, des étangs d'eau salée, des parcs immenses pour réunir tous les êtres vivants de la création, des étuves de toutes les formes et de toutes les grandeurs, des maisons d'acoustique, des maisons d'op- tique, tout est prodigué à l'Institut de Salomon pour arra- cher les secrets de la nature. Au milieu même du XIXe siè- cle, combien l'Académie des sciences de Paris ou la Société royale de Londres ne sont-elles pas dépourvues de res- sources , dénuées d'action et d'autorité, en comparaison de cette académie rêvée par Bacon à la fin du XVIe siècle ! Ce n'est pas seulement une constitution plus forte et meilleure de chaque académie en particulier, mais un concert de toutes les académies du monde que l'auteur du Novum Organum entrevoyait dans l'avenir et appelait de ses vœux. Dans le de dignilate et augmentis scienliarum (2), il exhorte toutes les universités et tous les collèges du monde civilisé à s'unir .(1) Fragment à la suite du tableau historique des progrès de l'esprit humain. (2) Voir surtout la fin du second liue. V