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366 LES DEUX. SOEURS DE COBOISNE N'entendirent gémir d'aussi touchants regrets. On voulut honorer les cendres fraternelles D'un simple monument candide et pur comme elles. Couvert de blanches fleurs, le rosier le plus beau Dès ce jour fut planté sur cet humble tombeau ; De ses roses sans tache aux vierges endormies Versant les frais parfums et les ombres amies, Il garde leur mémoire au terrestre séjour, Symbole d'innocence et d'angélique amour ! Le fidèle pigeon, ami de la chaumière, Près du rosier des sœurs, plaintif, vient roucouler Et moi dont les baisers ont ému leur poussière Sur leurs traces au ciel que ne puis-je voler ! ENVOI. Aux bords de l'Anio, sur ces pentes fleuries , Sous ces ombrages verts voilés aux feux du jour Qu'Horace et Lamartine ont chantés tour à tour, De poétiques rêveries, Oiseaux mélodieux de ce charmant séjour, Près de la grotte sombre où s'endort la Syrène, M'ont murmuré ton nom parmi des noms fameux. Rebondissant du gouffre où sa fougue l'entraîne , La cascade écumante en ses fantasque jeux Humectait une fleur, douce, pâle, embaumée, Une fleur, ma Heur bien-aimée ! Peut-être que sa tige avait germé jadis Sous les pas de Catulle, ou, guirlande fragile, Entouré mollement de ses festons ravis La coupe de Mécène et le front de Virgile ! Je la cueillis pour toi. Fugitif souvenir, Loin du temple désert delà Sybille antique, Loin des bois de lauriers, loin des cieux de saphir, Dans ton Lyon brumeux, triste, froid, métallique,