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3G4 LES DEUX SOEURS DE COBONNE. « Et l'agile rouet de nos graves iileuses « Que nous faisions tourner l'une et l'autre en chantant ; « Et les épis glanés dans les mêmes corbeilles, « Et les raisins pressés dans les paniers profonds, « Et les brillants monceaux de nos pommes vermeilles « Recueillis en grimpant sur les arbres féconds. « Travaux qui ne lassiez jamais sa main légère, « Vallon de nos sueurs, ombrage des grands bois, « Ruisseau de Scie, hameau, paternelle chaumière « Elle vous a donc vus pour la dernière fois ! « Ah ! nos anges gardiens ont pleuré de tristesse « Lorsqu'ils ont séparé les deux pauvres enfants ! « Notre tendresse était toute notre richesse ! « Mais de leur humble sort nos cœurs étaient contents. « Seulement aujourd'hui j'ai compris la misère, « 0 ma sœur ! en suivant ton lugubre cercueil, « Sans posséder au moins l'obole nécessaire « Pour me couvrir, hélas ! de vêtements de deuil ! « Ma sœur ! ma bien-aimée ! autre âme de mon âme ! • Mon bonheur et ma vie, entends-tu mes sanglots ? < « Ma douleur, à travers tous ces globes de flamme, « Pour retrouver ton cœur a-t-elle des échos ? « En vain du Paradis tu contemples la fête ! « Ta sœur souffre ici-bas, ta sœur est loin de toi ! « Des divines splendeurs tu détournes la tête.... « Pourrais-tu, même au ciel, être heureuse sans moi? > > Et sur ses blancs rayons la lune voyageuse Vit descendre du ciel une ombre lumineuse ; Son jeune front portait l'auréole de lis Et des ailes voilaient ses contours assouplis; , Elle avait l'œil serein delà pauvre orpheline,