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338 BIBLIOGRAPHIE. êtres à qui Dieu a donné la vie et réparti ses bienfaits ; que Dieu a fondé la perpétuité du genre humain sur un sentiment plus irrésistible et plus doux que l'égalité et la fraternité ; qu'à sa naissance l'homme faible et nu, croît petit à petit sous la main qui le protège ; que son intelligence se développe si lentement, que, pendant le premier tiers de sa carrière, la loi lui interdit la vie civile et les tonctions publiques ; qu'à l'âge viril il lui faut non pas une société fraternelle , mais l'union de deux êtres en harmonie par leur inégalité , dont l'un protège par sa force, et dont l'autre se fait aimer par sa faiblesse ; que la paternité seule fonde une famille et la fait prospérer dans toute sa durée ; qu'a- près le père, les frères qui s'aimaient sous son sceptre ne savent plus vivre ensemble au berceau qui leur fut si cher -, qu'ils se dispersent pour fonder une famille à leur tour ; que la réunion de toutes les familles, sous des lois et des mœurs qui émanent du même principe, constitue la force d'un peuple ; qu'il s'élève à la connaissance et à la pratique de ses devoirs par un culte religieux; que d'un côté sera la puissance avec la justice et de l'autre une obéissance affectueuse et fidèle ; que la charité évangélique n'est point une fraternité civile, et que toute institution qui en dérive est purement patriarchale. Sous une telle inspiration, la ville de Lyon , en 1799 , salua le vainqueur des Pyramides et lui révéla sa mission. M. Morin s'af- flige de ce que le matérialisme de la dictature du génie avait en- gourdi l'esprit démocratique, et il attribue à cet engourdissement la décadence de l'empire français. Cette opinion se relie au sys- tème impitoyable de 1793. Quelle que soit la forme de son gou- vernement , et sans subir les excès d'un comité de Salut public, tout peuple défendra l'indépendance de ses foyers, si comme l'Espagnol il a l'amour de la patrie, et si comme le Russe il a une bonne discipline militaire. Une république démocratique, prési- dée par le général Bonaparte , se serait également écroulée , si, après avoir chassé de leurs Etats les princes souverains du Pié- mont, de la Hollande, de l'Italie, de la Westphalie et de l'Espa- gne, elle eût perdu par ses invasions l'élite de ses légions dans les montagnes de la Castille, sous les neiges de la Moscovie et