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334 DÉCOUVERTE D'UNE CROIX. des Chrétiens il n'y avait qu'un pas, et ce pas avait été fait. Les païens, d'autre part, savaient que les Chrétiens adoraient un Dieu cruciQé, il n'en fallait pas davantage pour inspirer à un païen la parodie dont nous parlons. Nous n'avons rien à ajouter à la description ci-dessus. Le P. Garrucci ne trouve pour l'Y qu'une interprétation fort in- certaine. Il pense que l'attitude d''Alexamène indique le mo- ment où l'adorateur, approchant sa main de sa bouche, y imprime un baiser, jactat basium; on pourrait dire tout aussi bien, puisqu'il s'agit d'une parodie, qu'il fait le gesle bien connu des écoliers, en alignant ses doigts comme un flûteur antique. Ce qui importe ici, ce sont les conclusions à tirer de cette découverte intéressante. Il est certain, d'abord, que le païen a tracé une image du supplice, selon qu'il était d'usage ordinaire et officiel chez les Romains pour les condamnés à la peine capitale. En second lieu, celte caricature est du IIIe siècle. L'Église avait-elle, à celte époque,proposé le crucifix à la vénération desfidèles?I1 n'existe ni texte, ni monuments qui puissent autoriser celte conclusion. Origène, au IIe siècle, avait bien conservé dans sa bibliothèque le canon du saint martyr Pamphyle, qui exhortait les fidèles à avoir chez eux l'image du Rédempteur, mais il ne parle pas du crucifix. Le concile d'Illiberis, en 305, défend les pein- tures qui pourraient avoir rapport au culte des Chrétiens, et nous voyons que, même dans les catacombes, les peintures ne représentaient que des sujets symboliques ou tirés de la Rible. On sait avec quel soin les premiers Chrétiens déro- baient aux païens la connaissance de leurs mystères, et com- ment les évoques ne parlaient dans l'assemblée des fidèles qu'en termes couverts, en ajoutant : ceux-là comprennent qui sont iniliés. Il est donc à croire que le culte public du crucifix ne fut point autorisé par l'Église, à cause de la sus-