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DÉCOUVERTE D'UNE CROIX. 335 ceptibililé des Juifs et des Gentils, et que cette mère pru- dente ne voulut point exposer aux moqueries ce qu'elle avait de plus précieux dans son trésor. Mais la dévotion privée du fidèle allait sans doute au-delà des prescriptions des pontifes; et Terlullien nous le donne à penser, lorsque, reproduisant les accusations des païens, il leur répond qu'ils n'ont pas le droit de faire un tel reproche, puisque l'on trouve chez eux quelque chose de semblable. On nous objectera peut-être les croix gravées sur quelques monuments des catacombes ; mais qu'on veuille bien remar- quer que ces croix n'ont pas la forme du crucifix, que ce sont des croix à forme grecque, qui se retrouvent sur ies monuments païens comme signe de la vie future ; que souvent ce n'était qu'un ornement, témoin celle qu'on voit sur le dia- dème d'une statue de bronze trouvée à Herculanum. Un fait digue de remarque, c'est qu'aucune fouille n'a ja- mais amené la découverte d'un crucifix, qu'il était si naturel d'enterrer avec les Chrétiens, si ce culte eût été autorisé pu- bliquement. Le plus ancien crucifix connu est, suivant quel- ques auteurs, celui de Noie en Campanie. Saint Paulin , au Ve siècle, en aurait parlé. On conserve à Saint-Jean-de- Latran un crucifix que l'on fait remonter jusqu'à Charle- magne. Le christ d'Amiens ne remonte pas au-delà du XIe siècle. Il est probable que la croix n'a été généralement vénérée qu'après l'exaltation de la vraie croix par l'impératrice Hélène, et après l'édit par lequel Constantin abolit l'infamie attachée au supplice de la croix. Le blasphème païen découvert sur les murs du palais des Césars, s'il ne prouvé pas le culte public du crucifix, nous montre cependant que la vénéra- tion de cet objet sacré était répandue parmi les fidèles. Ob- servons encore qu'on a représenté un homme attaché à la croix avec des vêtements, contrairement à l'idée qu'un païen )