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EXPOSITION DES BEAUX-ARTS. 32!) blanc et du noir, dont parlait une artiste célèbre du XVIIP siècle à laquelle on présentait un rondo noté en musique : Je n'y vois rien, je n'y comprends rien. Mlle Drojat est j e u n e , sans doute, peut-être a-t-elle voulu payer une dette à l'amitié, en consacrant plusieurs de ses heures à ces études serviles et frivoles. Elle a, elle aussi, une éclatante revanche à prendre. Mais dans un autre genre, de grâce, mademoiselle, si vous voulez que je vous juge... Voici, M. Dubuisson qui, après treize années d'absence, fait sa rentrée à Paris. Ses Défricheurs disent au moins quelque chose. Si leur constitution n'est pas précisément robuste , leurs inten- tions sont bonnes. On doit toujours, de notre temps, tenir un grand compte des intentions. Nous avons une justice à , rendre à M. Dubuisson , son dessin est large, un peu débraillé si nous sommes sévère, mais ce débraillé, je le préfère à la retenue de certains autres. Les proportions que M. Dubuisson a données à cette œuvre sont de bon augure : l'auteur travaille avec plus de zèle que jamais , cela se voit dans chacun de ses coups de pinceau. M. Michel Dumas, est d'une prodigalité à laquelle ne nous ont pas certainement habitués ceux de ses confrères dont nous vous avons entretenu jusqu'ici. Le morceau le plus remarquable de l'exposition de M. Dumas, est la toile, de moyenne grandeur, représentant un des der- niers actes de dévouement de l'abbé Bouloy, curé d'Oussoy, pendant le choléra de 1854. — L'abbé Bouloy, ce digne pas- teur que Dieu a rappelé à lui, se dévoua avec une telle abné- gation pour soigner ses ouailles qu'il mourut victime de son courage et de sa sainte charité. — Ce tableau, acquis par le ministre d'Etat, est conçu avec trop de rétrécissement dans l'ensemble, quoique l'auteur ait visé avant (out, à l'effet. On dirait que M. Dumas traite les seconds, et troisièmes plans des tableaux comme des détails purement accessoires et insigni- fiants. Dans son œuvre, il s'est contenté d'étudier avec atten- tion, avouons-le, la belle tète de l'abbé Bouloy, et tous les autres personnages de cette scène émouvante nous rappellent les misérables esquisses dont nous nous sommes rendu coupable