page suivante »
318 LETTRES INÉDITES Le portrait de Grimod a été gravé au physionotrace, en rond, d'environ deux pouces de diamètre, avec ces vers au bas : Gai, vif, original et même un peu bizarre, Il censura nos mœurs dans ses piquants écrits, Et de ses soins jamais son cœur ne fut avare Pour sauver l'innocence et servir ses amis. Son pro6l est remarquable par un nez fortement arqué, par le développement du front, la finesse de ses lèvres et de fort beaux yeux. Au commencement de prairial, an VIII, deux Lyonnais, parents de celui auquel ces lettres sont adressées, se trouvant à Paris, reçurent une invitation à dîner de M. de la Reynière. Voici comment ils rendirent compte, avec leur naïveté pro- vinciale, de l'ordinaire du célèbre gastronome : m « Nous arrivons à quatre heures, (le dîner était pour cinq) nous heurtons à une petite chambre au second, M. Grimod vient nous ouvrir , a paru stupéfait de nous voir arriver, en provin- ciaux, de si bonne heure, lui point coeffé, dans un véritable che- nil, sale à faire peur. Son perruquier arrive et nous prétextons une affaire pour aller nous promener aux Champs Elysées, en attendant cinq heures. Alors nous le trouvons, rasé, coeffé, blan- chi et nous remontons un étage pour aller chez Madame qui nous a très-bien reçu. On se met à table, les convives étaient, l'Evêque d'Orléans, oncle de M. de la Reynière (M. de Jarente), Desgligny et un fameux médecin dont j'ai oublié le nom. Le dîner était de quatre plats servis seul à seul et l'on restait une demi-heure au moins à les savourer. Un bouilly, du mouton, du veau rôti et des petits pots à la crème entièrement tournés. 11 était plus de sept heures et demi quand nous débarassames cette maudite table. » Dans le Ve volume du Drame de la vie, de Restif de la Bretonne, il y a une correspondance de Grimod, fort curieuse aussi. L'aulelft du Paysan perverti lui reproche, (il le désigne