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                     LE PÈRE DE LA CHA1ZE.                       307
défaut, tout prouve, au contraire, qu'ils n'eussent point hésité si
les circonstances l'eussent permis. Dès lors, il sera d'un intérêt
médiocre de savoir quels furent les promoteurs de la Révocation.
Nous répondrons que ce furent en première ligne les catholiques
du XVIIe siècle. Le Tellier, Pélisson, le P. de la Chaize, Mme de
Maintenon, le marquis de Louvois et les autres conseillers de
Louis XIV, ne furent, pour ainsi dire, que les instruments de
l'opinion de leur siècle.
    On ne saura jamais d'une manière certaine ce qui se passa, du-
rant ces heures solennelles, quels furent les entretiens secrets du
Roi avec ses ministres et son confesseur, c'est un mystère dont il
ne sera donné à personne de soulever le voile. On sait seulement
d'une manière certaine que le conseil royal opina en entier
pour l'adoption de tous les articles de l'édit sans qu'une voix
 s'élevât contre, et que la rédaction en fut confiée à M. de Châ-
teauneuf.
    L'édit de 1685 est composé de douze articles. Le roi a soin de
rappeler dans le préambule que Henri IV et Louis XIII ne consi-
 dérèrent jamais l'édit de Nantes comme un acte irrévocable, que,
loin de là, ils avaient songé l'un et l'autre à le rendre inutile, en
 opérant la conversion de leurs sujets ; et qu'ils furent empêchés
 par la force des choses, et la guerre civile, de mener leurs projets
 à bonne fin. Le Roi ajoute que Dieu a permis enfin que le dessein
 de son aïeul et de son père puisse être couronné de succès ; que
 depuis son avènement à la couronne, il est entré dans leur pensée
 et que ses soins ont eu la fin qu'il s'était proposée, puisque la meil-
 leure et la plus grande partie de ses sujets de la religion prétendue
 réformée ont embrassé la religion catholique. »
     Le roi concluait, de ce résultat qu'il croyait véritable, à l'inuti-
 lité de l'édit et partant à sa suppression pour effacer les derniers
 vestiges des guerres civiles.
     Entre autres dispositions, le nouvel Edit ordonnait : « La dé-
 molition de tous les temples des Réformés, la défense des réunions
 publiques ou privées ayant pour objet l'exercice du culte protes-
  tant ; l'expulsion du royaume de tous les ministres du culte qui
  refuseraient de se convertir dans les quinze jours de la promulga-