Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
 308                   LE PËKË DE LA CHAIZE.
tion ; des avantages considérables étaient offerts au contraire à
ceux d'entre eux qui se convertiraient ) plusieurs carrières leur
étaient ouvertes, avec dispenses et exemptions de'-droits. En
outre, l'Edit défendait les écoles particulières pour l'instruction
des enfants de la religion Réformée. Les enfants devaient être
baptisés désormais par les curés des paroisses, les pères et mères
étaient obligés, sous peine d'amende, de les conduire à l'église et
de les élever dans la religion catholique. Le Roi donnait quatre
mois aux émigrants pour rentrer dans la pleine et entière posses-
sion de leurs biens. L'article 10 défendait aux protestants l'émi-
gration sous peine des galères. L'art. H renouvelait les pénalités
contre les relaps.
   Enfin, l'article 12 qui semblait, en apparence, devoir tout
pacifier, produisit, comme nous le verrons bientôt, de très-fâcheux
résultats. Cet article qui accordait aux réformes la liberté de
conscience était ainsi conçu :
   « Pourront au surplus lesdits de la R. P. R., en attendant qu'il
plaise à Dieu les éclairer comme les autres , demeurer dans les
villes et lieux de notre royaume, pays et terres denotre obéissance
et y continuer leur commerce et jouir de leurs biens, sans pou-
voir être troublés ni empêchés sous prétexte de ladite R. P. R.
à condition (comme dit est) de ne point faire d'exercice, ni de
s'assembler sous prétexte de prières ou de culte de ladite reli-
gion, de quelque nature qu'il soit, sous les peines ci -dessus, de
confiscation de corps et de biens. »
   A peine l'édit eût-il été publié qu'il provoqua en France et dans
 tous les pays catholiques une explosion de joie universelle. Cet
immense résultat, obtenu en si peu de temps, et par des moyens
qui paraissaient alors extrêmement modérés, avait saisi toutes les
imaginations. Cette unité religieuse que soixante-dix ans de
guerres sanglantes n'avaient pu conquérir, Louis XIV l'avait enfin
rétablie, par le seul ascendant de sa toute puissance et en l'espace de
quelques années. Le clergé, les parlements, les corps municipaux,
les universités, les jansénistes comme les jésuites, les gallicans
comme les ultramontains, la nation entière, éprouvaient pour les
doctrines du calvinisme , une aversion non moins profonde que