Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
30()                 LE PÈRE DE L.V CHAIZE.
d'un confesseur imbécile et d'une dévote fanatique. D'autres nous
le montrent cédant à l'obsession des remords d'une jeunesse trop
vouée aux plaisirs et s'efforçant de racheter, par la persécution des
hérétiques, les scandales de sa vie passée. Il en est enfin qui suppo-
sent que Louis XIV ne révoqua l'édit de son aïeul que pour se
réconcilier avec le Pape Innocent XI alors fort indisposé contre
lui à propos de l'affaire delà régale. La plupart de ces opinions ne
peuvent soutenir un sérieux examen, lorsque l'on considère de
quel poids considérable furent dans la balance les raisons qui dé-
terminèrent la mesure de 4G85. Louis XIV n'a point agi isolément
en dehors de l'esprit et des tendances de son siècle, loin de là, il
en a subi l'impulsion ; il n'a été que l'interprète des vœux de tous
les catholiques. Voilà ce qui domine la question et ce qu'il ne faut
jamais perdre de vue.
   Louis XIV, au moment où il signa l'acte de révocation, en était
si peu à ce point où la volonté, affaiblie, par les années, va s'étei-
gnant de jour en jour, qu'il n'avait que quarante-sept ans. Il était
donc dans toute la force de l'âge.
   Que Mme de Maintenon ait engagé le Roi à supprimer l'édit de
1598, que le P. de la ChairiWait entretenu dans les mêmes senti-
ments, que le chancelier Le Tellier, que le secrétaire d'Etat Châ-
teauneuf aient précipité le dénouement, ces questions ne peuvent
avoir qu'une importance secondaire. Tous ces hommes aussi ont
subi l'influence, l'ascendant de leur époque : d'autres à leur place
eussent agi absolument comme eux. Là n'est donc point le vérita-
ble intérêt historique, il est principalement dans la question de
savoir si l'édit de 1685 fut un acte spontané, comme l'ont pré-
tendu, dans un intérêt particulier, Rulhicre et quelques autres,
ou s'il fut la conséquence nécessaire, l'inéluctable conclusion
d'une politique préparée et suivie depuis longues années? Or,
nous croyons avoir suffisamment démontré, par des preuves au-
thentiques, dont plusieurs n'avaient pas été assez mises en saillie
par les historiens, que cette dernière proposition a la vérité pour
elle. Si Henri IV, si Richelieu, si Mazarin n'*»t pas supprimé
FEdit de Nantes, c'est qu'ils ne se sont point sentis assez forts
pour le briser. Ce n'est point l'envie d'en venir là qui leur a fait