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                       LE PÈRE DE LA CHA1ZE.                           305
religieuse, dut être d'un poids considérable, rappelons l'opinion
de saint Bernard et celle de l'illustre archevêque de Cambrai.
« Saint Bernard, dit Bossuet (1), qui a été le plus doux et le
moins sévère de tous les Pères de l'Eglise, dans le 66e sermon
qu'il a composé sur le Cantique des Cantiques, en parlant de
certains novateurs de son temps, qui niaient la nécessité du bap-
tême des enfants, le purgatoire et les prières pour les morts, cite
les paroles de l'apôtre, que les princes sont les ministres de
Dieu pour exécuter ses vengeances, en punissant celui qui fait le
mal, et conclut qu'il vaut mieux punir les hérétiques par le glaive
de la puissance temporelle, que de souffrir qu'ils persistent dans
leurs erreurs, ou qu'ils pervertissent les fidèles par leurs persua-
sions et par leurs discours. »
   Fénelon lui-même était loin de contester les droits de l'autorité
en pareille matière.
   « Si nul souverain, dit-il, ne peut exiger la croyance intérieure
de ses sujets sur la religion, il peut empêcher l'exercice public ou
la profession d'opinions ou de cérémonies qui troubleraient la
paix de la République par la diversité et la multiplicité des sectes ;
mais son autorité ne va pas plus loin*(2). »
   Ainsi Fénelon n'admettait pas la liberté des cultes, l'exercice
public d'une religion autre que celle de l'Etat ; mais il croyait à
la liberté de conscience.
   Louis XIV, comme nous le verrons bientôt, n'était pas dans
d'autres sentiments que l'archevêque de£ambrai. C'est ce que
prouve évidemment la rédaction même de l'article 12 de l'édit
de 1685:
   L'opinion du cardinal de Bausset, conforme à celle de plusieurs
historiens, est que ce fut l'insurrection des protestants, en 1683,
qui hâta l'époque de la Révocation.
   La plupart des historiens nous peignent Louis XIV, à cette
époque, déjà vieux et infirme, et subissant l'influence exclusive

  (1) OEuvres d."*ftsstfet, t. II, p. 242, éd. du Panthéon littéraire.
  (2) Essai sur le gouviPnt^nt      civil, t. XXII des OEuvros complètes de
Fénelon, éd. dp 1824, p. 387.
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