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LE PÈRE DE LA CHAIZE. 299 gnages non suspects, jusqu'à les conseiller. On a fort exagéré ce- pendant les maux causés par les premières dragonnades. Il y eut sans doute des abus très-regrettables, de coupables excès , mais ils n'eurent point le caractère général que l'on suppose, et toutes les fois qu'ils parvinrent aux oreilles du Roi, il eut soin de les réprimer avec la plus inexorable fermeté. Plusieurs soldats re- connus coupables de s'être livrés à des actes de brutalité furent pendus , et quelques intendants révoqués pour abus de pouvoir. On sait en quoi consistaient les dragonnades. Des mission- naires étaient-ils envoyés dans une ville, pour les protéger contre les insultes, ou même contre le poignard des fanatiques, comme il était arrivé plusieurs fois, on faisait marcher à leur suite quel- ques corps de troupes. Ces détachements avaient ordre de camper autour des villes, et il suffisait le plus souvent de leur seule présence pour opérer d'innombrables conversions. Des municipalités, des villes entières se convertissaient comme par enchantement et par délibérations, dans la seule crainte des logements militaires. Les protestants abjuraient par milliers. Trouvait-on parmi eux quelque résistance, les troupes campées étaient réparties dans les villes ou villages, et leurs chefs avaient ordre de doubler le nombre des soldats destinés aux religionnaires. Les soldats étaient tenus, sous les peines les plus terribles, de garder la plus stricte discipline. Chaque cavalier avait seulement droit à six sols, chaque fantassin, à trois ; toute exigence au delà de cette somme, tout acte arbi- traire qui parvenait à la connaissance du Roi, était rigoureusement réprimé. Cette pression morale exercée sur la conscience des protestants, n'avait rien alors qui blessât l'opinion. « On ne voyait dans les moyens employés, dit M. de Noailles, ni persé- cution, ni violence. » Les résultats obtenus tenaient, au reste, du prodige. Trois mois avaient suffi pour la conversion apparente de presque toutes les provinces H ). Les troupes les avaient à peine traversées, et « c'est tout au plus, ajoute M. de Noailles , si les excès dont on a tant parlé, à propos des premières dragonnades, eurent le temps de se produire. » (t) Le due de Noailles. Hist. de Madame de Maintenon, t. II, p. '»2T-