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25t)                 UN MUSÉE   PARTICULIER.

tous les voyageurs de l'Europe? Combien n'avons-nous pas de
ces chefs-d'œuvre que l'ont croit disparus et qui remplissent
dans l'ombre un usage beaucoup plus vulgaire ! Ceci nous
rappelle qu'un jour, passant devant la maison d'un tailleur de
Normandie , nous aperçûmes , juchée à la lucarne d'im gre-
nier, une espèce de mannequin affublé d'habits soi-disant à la
mode        Mais à travers les affiquets de toilette dont on avait
couvert l'enseigne , (car c'était une enseigne), nous crûmes
apercevoir le marbre de Paros
                            E pur si muore.'
    C'était du marbre, en effet ! C'était une statue magnifique
de Jean Goujon, actuellement placée au musée du Havre, et
que nous eûmes le bonheur de tirer de son esclavage....
    Nous sommes heureux aujourd'hui, de pouvoir révéler, aux
lecteurs de la Revue du Lyonnais, une collection de chefs-
d'œuvre, là où l'on s'attendait le moins à les rencontrer
C'est-à-dire, aux portes d'une cité éminemment artistique, qui
les a ignorés ou méconnus            aux portes d'Orléans        Un
hasard, a conduit nos pas dans la petite ville d'Olivet, chez
M. Antoine Auvray, comme aussi un autre hasard nous avait
conduit chez le tailleur de la Normandie. Mais M. Auvray est
un artiste ; — vous comprenez que ses toiles sont des tré-
sors pour lui et non l'enseigne de -sa maison
    Déjà craintif et désolé à la pensée de quitter un jour les
 admirables choses dont il fait sa vie, il nous écrivait der-
 nièrement :
    « — Veuillez, Monsieur, me pardonner un si long entretien sur
tous les chefs-d'œuvre dont je jouis tout seul, — mais il est si
 agréable de parler longtemps de ce qu'on aime .' Car, voyez-vous,
 Monsieur, bien que fils d'un pauvre terrassier, la nature m'a fait
 artiste, — et je vous le répète encore, j'aime ces entretiens où
 l'oubli des choses matérielles de la vie élève l'âme dans cette
 sphère spirituelle, — où les pieds de l'homme touchent à peine
 à la terre, — et dont la pensée incessante tend toujours à
 s'élever vers le ciel. — »
    Il n'est pas besoin de dire que l'auteur de ces lignes poétiques