page suivante »
LETTRES DE GUICHENON. 227 Une autre circonstance vint encore augmenter l'aigreur de Frédéric contre Adrien IV, et cela, à l'occasion du mot benefi- cium, qui se trouva dans une lettre écrite par le pape à l'empe- reur, mot que ce derniers'obstina à interpréter par celui du fief, et dont l'emploi lui parut calculé pour accréditer l'opinion que l'Empire étaitunfief du Saint-Siège. En vain, le pape s'effor- ça-t-il de désavouer le sens attribué par l'empereur à cette malencontreuse expression, il ne réussit pas h détruire les préventions de Frédéric qui, après la mort d'Adrien, refusa de reconnaître Alexandre III, son successeur, qui venait de recevoir l'élection canonique, et favorisa par tous les moyens en son pouvoir l'usurpation du cardinal Octavien, qui se fit appeller Victor III, usurpation funeste qui donna naissance à un schisme déplorable et attira sur la léte de Barberousse les foudres de l'excommunication que lança contre lui le pon- tife légitime. Cet anathème fut un encouragement pour les villes lombardes, à résister aux prétentions de l'empereur , prétentions soutenues par la plus révoltante barbarie. Villes mises à sac et démolies jusque dans leurs fondations ; ha- bitants de tout sexe et de tout âge inhumainement égorgés, au mépris de la parole impériale, tels étaient les moyens employés par Frédéric pour rendre à l'autorité impériale son prestige et son autorité. Alors régnait en Savoie le pieux Humberl III, admis depuis par l'Église au nombre des saints. L'enfance et la tutelle de ce jeune prince avait été confiée à Amé de Hauterive, évoque de Lausanne, dont la vie fut le modèle de toutes les vertus qui, à celte époque, signalaient un èvêque au respect et à l'admiration des peuples. Politique prudent et en même temps plein de fermeté, ce vertueux tu- teur sut proléger les états de so"n pupille contre les convoitises de voisins ambitieux et entreprenants; mais, sous sa direc- tion, le jeune prince avait pris le goût et contracté les habi-