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220                  LETTRES DE GUiCHENON.

 sanne, s'explique avec assez de vraisemblance par les néces-
 sités de la nouvelle organisation apportée par le roi Gundi-
 caire, dans l'administration de ses états.
    L'irruption des Barbares en général, et des Bourguignons
 en particulier, fut une source de prospérité pour l'Église et
 pour ses ministres. Les évoques, au cinquième siècle, devin-
 rent plus encore qu'ils ne l'avaient été jusques alors, des
 hommes politiques, dont la mission consista à opérer une
 transaction entre le monde romain et le monde créé par l'in-
 vasion. De ces deux éléments rendus homogènes par la com-
 munauté de la foi, ils réussirent à former une société nou-
 velle, dont le christianisme, seule force morale restée debout
au milieu de la ruine de toutes les institutions, devint le su-
 prême régulateur. En vain, les nations barbares se heurtent
et se précipitent les unes sur les autres, l'Église, toujours à la
même place, reste le centre immuable de toute autorité. Elle
sait à la fois tendre une main secourable à la société qui
tombe, et se prêter aux exigences de la société qui surgit. Si,
en 535, les Francs, vainqueurs des Bourguignons, se substi-
 tuent à la place de ces derniers, ces nouveaux conquérants
se montrent, comme leurs devanciers, enfants respectueux et
soumis de l'Église. Les évêques continuent comme, par le passé
à être les arbitres et les directeurs des affaires. Lorsque Charle-
magne eut ajouté à ses conquêtes celle de la Lombardie, et
délivré les pontifes romains de l'oppression des rois Lombards,
le pape saint Léon s'attribua sans hésiter le droit de confé-
rer, au monarque vainqueur, l'empire des Césars,éteint depuis
plus de trois siècles dans la personne d'Augustule ; fait carac-
téristique qui montre à quelle élévation était montée la puis-
sance des papes, et qui explique pourquoi, pendant plusieurs
siècles, l'histoire de l'Occident n'est autre que celle de la pa-
pauté.
  Ce qu'avait fait le pape à l'égard de Gharlcmagnc, les