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LETTRES DE GUICHENON. 221 évêques se crurent autorisés a le faire. On vil, en 879, quelque temps avant là mort de Charles-Ie-Gros, dernier empereur delà race de Charlemagne, les archevêques de Lyon, de Vienne, d'Arles, d'Aix, de Besançon et de Tarentaise avec leurs suffraganls, proclamer à Mantale, Boson, roi de la Bourgogne cis-jurane, c'est-à -dire de tout le pays qui s'étend entre la Saône, le Rhône, les Alpes, et le mont Jura. Neuf ans après, à St-Maurice-en-Valais, Rodolphe I er , dans une diète composée d'évêques, est créé roi de la Bourgogne Iransjurane, royaume formé de tous les pays compris entre le Jura, les Alpes pennines et la Reuss. Les deux Bourgo- gnes cis-jurane et transjurane furent réunies sous là main de Rodolphe II. L'histoire a donné à Rodolphe III, dernier roi de cette dynastie, le surnom de fainéant, qualification peut-être trop sévère si l'on veut tenir compte du temps et des circonstances au milieu desquelles vécut ce prince. Monté sur le trône en 995, à la veille de l'an mille, ère redoutable qui , suivant la croyance généralement acceptée à cette époque, devait marquer l'heure de la fin du monde, ce monarque, dont tous les actes sont marqués au coin du décourage- ment et d'une piété inspirée par la crainte, n'eut d'autre pensée, d'autre préocrupation que celle de désarmer la colère divine , manifestée à ses yeux par l'accumulation des fléaux les plus destructeurs. En effet, les invasions successives et répétées des Hongrois et des Sarrasins sur l'Occident avaient converti en déserts les plus riches provinces des deux Bourgognes. La famine et les maladies contagieuses achevaient de désoler les populations qui avaient échappé au fer des Barbares. Les liens de la hiérarchie et de la subordination étaient brisés, chaque seigneur avait la prétention de se faire souverain sur ses terres. Dans une situation aussi désespérée, Rodolphe III ne vit rien de mieux