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208             ARMOIRIES DE VIENNE EN DAUPH1NÉ.

donnaient a la considération générale les nombreux établis-
sements de piété qu'elle possédait ou avait possédés, et tous
les personnages célèbres par leur sainteté qu'elle avait
nourris dans son sein, cette ville voulut consacrer à jamais
la mémoire des uns et des autres en changeant ses armoi-
ries. Elle abandonna l'aigle impériale pour le calice surmonté
d'une hostie, signe vénéré du triomphe du christianisme sur
l'antiquité payenne. »
   11 serait a désirer sans doute pour l'honneur du blason de
Vienne, que cette antique et noble origine ne fût pas démen-
tie par les faits, mais les' faits ne sont pas moins inexorables
que les dates. La fiction de Charvet s'évanouit au contact de
l'histoire et Vienne, comme nous l'avons déjà dit, a continué
de porter l'orme seul jusqu'à la fin du XVIIe siècle. L'auteur
de l'inscription placée en 1518 sur la porte de la maison con-
sulaire de la Chaîne et que l'on voit encore dans l'escalier
de l'Hôtel de Ville actuel, le dominicain Lavinius n'attribue
d'autres armoiries a la cité de Venerius qu'un orme touffu,
ulmus frondosa. C'est ainsi que le chanoine Jean le Lièvre
l'a fait graver a la tête de son Histoire de l'Antiquité et sainc-
teté de Fienne, imprimée dans cette ville en 1623. On n'y
aperçoit aucune trace du calice et de l'hostie et les allusions
mystiques du texte, n'ont rapport qu'a la nature et à la forme
de l'arbre Fiennois. C'est ainsi que ces mêmes armes sont
blasonnées et représentées a côté de celles de Grenoble et
 de Valence, dans plusieurs ouvrages imprimés et manuscrits
de la fin du XVIIe siècle (1). Les uns, comme l'histoire de

   (1) La ville de Vienne, en Dauphiné, porte pour armoiries un Orme qui
estoit autrefois en une de ses places et qui fit le nom d'un quartier qu'on
appeloit le quartier de l'Orme. Le véritable Art du Blason, pir le P.
Mencstrier. Lyon, 1672, pet. in-12, p. 235. — Blasons de la Noblesse
Dauphinoise, manuscrit avec fig., passé, on 1834, de la bibliothèque de
M. Revoil dans la nôtre.