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                     LE PÈRE DE LA CHAIZK.                      183

 dominait l'une ou l'autre religion, rivalisaient de zèle pour éli-
 miner l'élénient le plus faible. C'était une règle généralement
 admise, par les uns comme par les autres , qu'il fallait arriver
 dans chaque État à l'unité de croyance. Cette tendance est sur-
 tout manifeste depuis le traité de Weslphalie (1648). Afin d'as-
 surer une paix stable et pour se frayer une voie à l'unité poli-
 tique et religieuse, dont l'irrésistible instinct travaillait alors
 toutes les nations civilisées, chaque gouvernement s'efforçait,
 par des moyens plus ou moins arbitraires, d'établir définitivement
 l'uniformité du culte qui avait pour lui la majorité. Ainsi, dans
 les pays où la religion réformée était dominante, le législateur
 eut soin d'exclure les catholiques de tous les honneurs, offices,
 et dignités civiles et politiques. Le culte public fut interdit et
 souvent même le culte privé. Si les catholiques usèrent des
 mêmes moyens, on doit dire, pour les disculper, qu'en tous lieux,
 si l'on en excepte la Hongrie, ils furent bien moins violents
 envers les protestants que ceux-ci ne le furent envers eux. En
 France, notamment la peine de mort ne fut jamais appliquée que
 contre les réformés pris les armes à la main. Cette règle reçut
dans toute l'Europe son application. « De là, dit le cardinal de
Bausset, dans son Histoire de Fénelon, de là, ces lois plus ou
moins sévères, plus ou moins prohibitives que l'Angleterre, la
Hollande , Genève , les cantons suisses protestants , les puissan-
 ces du Nord et un grand nombre de princes du corps germani-
que portèrent contre les catholiques soumis à leur domination.
De là, les lois du même genre que les empereurs delà maison d'Au-
triche, les princes catholiques d'Allemagne, les rois de Pologne ,
les cantons catholiques suisses portèrent contre les protestants.»
    Quelque rigoureuses que fussent ces mesures, elles valaient
encore mieux que l'état de guerre qui n'avait cessé de boulever-
ser l'Europe depuis l'avènement de la réforme. Si la liberté des
cultes était rigoureusement, proscrite, à de cruelles exceptions
près, la vie des citoyens, leur propriété et leur liberté indivi-
duelle étaient plus généralement respectées. Ce n'est que len-
tement et à travers les .plus douloureuses épreuves, que les
peuples s'acheminent vers une condition plus tolérablc.