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182                  LÉ PÈRE DE LA CHAIZE.
religion de l'État, était un crime de haute trahison, et ce crime
était puni de mort. Quant aux catholiques, ils étaient contraints,
sans exception, d'assister à tous les offices du culte anglican.
   Longtemps, les dispositions les plus dures de ce code excep-
tionnel ont été appliquées, elles ne sont point encore entièrement
abolies, et l'on sait que pour avoir voulu les adoucir et proclamer
la liberté de conscience , Jacques II fut chassé de son royaume.
Aux yeux des historiens anglais, Jacques II ne fut qu'un esprit
 étroit, tandis qu'ils n'ont cessé de célébrer de concert le génie
 de Guillaume d'Orange.
    En révoquant l'Édit de Nantes, Louis XIV n'a donc point
inauguré un système nouveau ; il n'a fait que se conformer au
droit commun généralement reconnu et pratiqué par ses contem-
 porains. Plus tard nous établirons que le régime adopté en France
 contre les réformés, fut relativement bien plus modéré que celui
 dont ils usaient à l'égard des catholiques.
    Tel était au reste le caractère général du XVIIe siècle ; pour
 bien le comprendre il ne laut point le considérer avec nos idées
 actuelles, si profondément différentes de celles qui l'animaient.
 « La tolérance, a dit dernièrement un penseur, était, comme l'hé-
 résie, une nouveauté pour la France (1). »
   Alors, la liberté de conscience était considérée comme le plus
grand des maux qui pût affliger la société. Bossuet, de même que
ses contemporains, pensait « que tôt ou tard elle devait faire
naître dans les esprits l'indifférence des religions qui, menant à la
destruction de la religion môme, entraînerait par là dans les
États la destruction de l'autorité et de l'ordre dont la religion
est le principal fondement (2). »
  Pendant près d'un siècle, les guerres de la réforme avaient en-
sanglanté les plus riches contrées de l'Europe. C'est pour en pré-
venir le retour que, protestants et catholiques, dans les pays où

    (1) M. Mercier de Lacombe. Correspondant du 25 Juin 1857. De la po-
litique de Henri IV.
   (2) Hist. de Madame de Mamteuun, par le duc de iSoailles.