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160 CHRONIQUE LOCALE. On vantait beaucoup les jardins de ces religieux, nous ignorons ce qu'il peut en rester. Tombés dans le domaine de l'Etat, ces vastes bâtiments sont devenus une propriété particulière qui a servi à différents usages. Sous l'administration de M. Terme, et par conséquent dans les dernières années du règne de Louis-Philippe, ils furent loués par la ville qui les affecta au logement des troupes de passage, afin de dégrever les habitants de la lourde charge que celte obligation faisait peser sur eux. u — L'ouverture du parc de la Têle-d'Or a eu lieu le dimanche 5 juillet. Quoique cette promenade ne soit encore qu'à l'état d'ébauche , les pro- meneurs s'en sont emparés avec empressement, et tout fait voir à quel besoin l'Administration a répondu en donnant à notre population de l'air et de l'ombrage. — L'inauguration du brillant Café Casati avait attiré, le mardi soir 14, une foule qui ne pouvait se lasser d'admirer les décorations ducs au bon goût de M. Benoît et les charmantes peintures de M. Guy. La rue Impériale gagnait ce jour-là un de ses plus gracieux embellissements. 11 est, du reste, des noms qui obligent, et le café Casati devait être des plus élégants, comme il est des plus anciens et des plus célèbres. — La communication entre Bourg et Mâcon par le chemin de fer a été complétée le 20. Les voyageurs, depuis lors, ne traversent plus la Saône en bateau; le pittoresque y perd, mais le confortable y gagne. Le passage sur le viaduc est d'ailleurs suffisamment grandiose et imposant. — Les journaux de Paris eut annoncé que l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, délibérant dans sa séance du 26 juin , sur le concours annuel des antiquités de la France, a décerné un second prix partagé entre M. Adolphe Fabre, de Vienne, auteur d'une Histoire de la Bazoche, et M. 3. Labarlhe, auteur d'un livre qui a pour titre : Recherches sur la pein- ture en émail dans l'antiquité et au moyen-âge. M. Fabre est presque un compatriote, il est notre collaborateur , et à ce. titre la Revue lui des ait toutes ses félicitations pour ce succès. — On a trouvé à Lyon, il y a quelques mois, un magnifique tableau dû au pinceau de Canaletto, l'un des plus illustres peintres de Venise. Cette toile, habilement restaurée par M. Vaque, orne aujourd'hui le cabinet de M. Laurent de Dignoscyo. — Les travaux de l'IIôtel-de-Ville se poussent avec une incroyable rapi- dité, cl l'on commence à croire que tout sera fini au mois de décembre , ainsi qu'on l'avait annojicé ; mais alors on peut facilement penser que l'architecte possède une baguette magique. Ce n'est guère en effet qu'avec des moyens surnaturels qu'en si peu de temps ou obtient d'aussi grands résultats. Dans ce moment la galerie qui faisait face au Grand-Théâtre est renversée , l'œil plonge avec étonnement dans l'intérieur des cours et se perd au milieu de cette foule d'éehaffaudages, où s'agite comme par enchan- tement une fourmilière d'ouvriers. —Un autre prodige qui s'opère chaque jour c'est, avec la chaleur sans nom qui nous dévore, la présence du public à nos deux théâtres : il est vrai que pièces et acteurs y prêtent. On est surtout avide d'entendre les scènes folles qne chantent ou débitent les Bouffes Parisiens , sous la direction et sous l'archet d'Offenbach, dont la musique originale, fine et légère prêle tant de charmes aux plaisanteries les plus burlesques, aux positions les plus impossibles. En présence de Ba-ta-clan, du Savetier et le Financier et de tant d'autres, on se trouve comme si on lisait les Fables de La Fontaine ; on met la raison de côté et on admire ou on s'amuse aussi longtemps qu'on a le livre à la main ou la rampe sous les yeux. La raison qu'a-t-elie à faire lorsque l'imagination est satisfaite et que l'intelligence jouit ? A. V.