Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                    LE PÈUE DE LA CHAIZE.                       145

paix d'Utrecht, et l'on est loin d'ignorer ce qu'ils eurent à souf-
frir après la révocation de l'Edit de Nantes. L'histoire a consigné
les mauvais traitements que leur firent subir tour à tour l'Elec-
teur palatin, l'Electeur de Brandebourg, les Ducs de Wirtemberg
et de Saxe, les Luthériens d'Allemagne et les cantons protestants
de la Suisse. En un mot, dans tous les pays où le protestantisme
a pu s'implanter, il a pris à tâche de détruire ou de comprimer
le catholicisme, et même tout autre croyance qui n'était pas la
sienne. Mais c'est en première ligne sur la Grande-Bretagne qu'il
 convient de fixer les yeux.
   Henri VIII et Elisabeth inaugurent cette longue et cruelle
persécution qui s'est perpétuée jusqu'à notre temps. Les biens
ecclésiastiques éveillent d'abord leurs convoitises ; ils s'en em-
parent et les distrikpnt à une aristocratie bien moins jalouse de
réformer les abus m. 'Eglise que de s'enrichir de ses dépouilles.
Henri VIII et Elisabeth préludent à ce code barbare qui désho-
nore encore l'Angleterre. Plus tard, en 1678, apparaît le Mil du
Test qui exclut les catholiques de toutes les fonctions politiques
et civiles, et comme, depuis l'origine de la réforme, l'Irlande n'a
point voulu imiter sa puissante marâtre , l'Irlande sera jusqu'à
nos jours un des plus douloureux exemples de ce qu'un peuple
peut souffrir pour la foi de ses pères. Henri VIII et Elisabeth lui
livrent une guerre à outrance ; les biens des catholiques sont
confisqués et livrés en proie à l'avidité des colons protestants. Ce
misérable état dure jusqu'à Charles I er ; sous Cromwell, l'Irlande,
torturée par de nouvelles souffrances, se soulève, mais Cromwell
noie la révolte dans le sang ; les riches sont traînés au supplice,
les pauvres déportés en masse à la Jamaïque ; les trois quarts des
terres sont confisquées, et la population est refoulée et parquée
comme un troupeau sur la partie du territoire laissée intacte.

                                     R.   DE CHANTELAUZE.




                                                       10