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102 LE PREMIER PUITS ARTÉSIEN Vous gardez le secret de cette heure bénie Où cette race, à nous par la prière unie, A genoux vous dira... Je crois ! Nous arrivons enfin, Messieurs, à la pièce n° 15, por- tant cette épigraphe : Qui convertit petram in stagna aqua- rum. La Commission de l'Académie l'a jugée unanimement la meilleure. Elle est écrite d'un style large et magistral dont la lecture de quelques passages fera aisément juger. Des vers obscurs et même incorrects, l'abus de la force qui amène parfois un peu de raideur et de tension sont les défauts qui ont empêché de lui donner le prix. Nous aurions voulu aussi que l'auteur s'enfermât moins étroitement dans la partie technique de son sujet, et nous aurions mieux aimé qu'au lieu de chanter la puissance de l'eau, il s'occupât un peu plus de peindre l'Algérie et ses grandeurs actuelles ou futures. Malgré ces imperfections, ce n'en est pas moins un beau morceau poétique. Nous citons le début : Peuples ! ne dites pas que le Seigneur sommeille ! Ainsi qu'aux temps sacrés agissant aujourd'hui, La vie humaine encor meut tout entière en lui. Visible aux yeux de l'âme, il l'inspire, il la touche ; Nos élans, nos pensers sont les mots de sa bouche ; Chaque jour, à toute heure, hôte fidèle et doux, Son verbe se fait homme et converse avec tous ! De la terre et du ciel immortelle alliance, Son souffle est le travail, son verbe, la science ! La science, regard et flambeau des esprits, Qui lit les mots divins au front des cieux écrits, Pour qui l'éther lointain a déchiré ses voiles, Qui-sent palpiter l'astre et vivre les étoiles, Et, comme ces jouets, par un enfant bercés, Pèse tous les soleils dans l'espace entassés !