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8G LE PREMIER I'OITS ARTÉSIEN toutes les communications avec le grand désert, le général Des vaux, chef de la subdivision de Batna, désignait la place où la sonde devait atteindre une nappe d'eau souterraine. La li- sière de l'oasis passe, suivant les saisons ou les variations atmosphériques, de la fertilité a l'aridité ; l'herbe et le sable s'y succèdent ; le désert est comme une mer qui avance et recule, disputant aux tribus nomades un sol incertain. La sécheresse alors était au comble; les Arabes, atteints parla famine et le souffle meurtrier du Simoun, pliaient déjà leurs tentes, lorsque une nappe d'eau abondante et pure jaillit d'un puits artésien, abreuva la terre , et rendit aux fugitifs l'es- pérance et la vie. La nature était domptée. Les Arabes saluaient dans leur langage cette eau qu'ils appelaient la rivière de la paix , la rivière bénie , la rivière de la recon- naissance, et tombaient en admiration aux pieds du chef qui avait dit au désert : Tu n'iras pas plus loin. Le général Des- vaux, dans un rapport écrit avec une simplicité toute militaire, annonçait la possibilité de creuser d'autres puits en avançant dans le Sahara et de préparer ainsi, ce sont ses propres ter- mes, de Iraîches oasis pour la colonisation à venir. La prédic- tion s'est vérifiée : il y a quelques jours à peine, un nouveau sondage faisait jaillir une source nouvelle, et marquait un pas en avant dans cette carrière de conquêtes, par des ser- vices rendus à l'humanité. Il serait difficile de trouver un sujet plus poétique, une action plus simple et plus grande par sa portée, une scène plus dramatique et mieux choisie, un contraste plus éclatant entre le désert et la terre fertile, le néant et la vie, l'igno- rance et la science, l'impuissance de la barbarie et la force de la civilisation. Sans doute ce n'est là qu'une page poétique entre beaucoup d'autres que pourrait présenter l'histoire de nos conquêtes africaines. Quelle source de tableaux variés que ces guerres d'Algérie, où paraissent