Revue du Lyonnais » série 2 - n°15 ( 1857 ) » pp.081

       LE BON SENS ET LE GÉNIE.
   Le gros Bon Sens et le brillant Génie
 Un soir, au clair de lune, allaient de compagnie.
Le premier poursuivait son bonhomme de train,
      Gardant le milieu du chemin ;
 Et l'autre, émerveillé, regardait ces chenilles
Dont la phosphorescence éclaire les charmilles,
JCt, de la terre au ciel promenant son regard ,
 Abandonnait ses pas aux chances du hazard.
Devant nos voyageurs se trouve une rivière.
   La traverser était petite affaire
   Pour le Bon Sens qui visait devant lui.
Il passa sans malheur sur la planche légère
Qui n'offrait à ses pas qu'un frêle point d'appui.
Mais le pauvre Génie, admirant un nuage,
     Ne vit ni torrent ni passage ;
Il plongea dans le vide et disparut soudain.
On dit, qu'à l'autre bord arrivé sauf et sain,
On vit le Bon Sens rire à la mort du Génie ;
Moi, j'en aurais pleuré,.... chacun a sa manie 1
                                   Charles MICHEL.
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