Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
76                  ÉTUDE SUR LA CRÉMATION.

frissonne à l'idée du terrible drame de la putréfaction, est un
sentiment peu partagé par les rudes villageois, à qui, certaine-
ment, la destruction des corps par les flammes semblerait
chose inutile et impie. Ce n'est pas impunément que depuis
tant de siècles, le culte vivace de l'habitude et des souvenirs
a consacré le cimetière des hameaux, et le jour où le paysan
ne retrouverait plus pour s'y agenouiller, le tertre gazonné et
surmonté de la croix de bois, près des murs de son humble
église, ce jour-là il croirait à quelque odieuse et sacrilège
révolution dans les mœurs et les idées chrétiennes.
    En dernière analyse, voici les conséquences qui ressortent
 de cette étude incomplète.
    Entre ces deux méthodes, l'inhumation et l'incinération ou
 crémation, l'instinct naturel de l'homme, le penchant de l'âme et
 le vœu de la chair optent pour la dernière.
    Il est difficile, en thèse absolue, de ne pas lui donner une
 préférence complète : c'est une décente utopie, un rêve assez
 séduisant, ( s'il peut y avoir de séduction possible en si funèbre
 matière).
    Mais du rêve à la réalité, la marge est grande ici, et le sera,
je crois, longtemps encore.
    Dans l'état de nos mœurs, de nos fortunes, des exigences
 sociales, la crémation est chose impossible comme mesure
•générale.
    Comme tolérance particulière, elle est parfaitement praticable,
 surtout pour les grandes fortunes patrimoniales.
    Il y aurait donc une lacune à combler dans la loi, en cessant
d'imposer aux enfants un mode de sépulture uniforme et
absolu, et en leur laissant le choix entre les deux qui seules,
sont applicables l'inhumation et la crémation.
   La réforme ne saurait aller au-delà, sous peine de dépasser
la mesure du possible.
                                     Maurice SIMONNET.