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BIBLIOGRAPHIE. LES VERS A SOIE, traité pratique. —GRAINES, ÉDUCATION, HISTOIRE (1), par MM. Jean-François Roux et Arthur de GRAVILLON. Que notre ami et directeur de cette Revue nous pardonne d'être si longtemps resté à rendre compte du charmant petit volume sur les vers à soie de MM. Jean-François Roux et Arthur de Gravillon. Plus que qui que ce s'oit, nous avions hâte, pour l'acquit de notre conscience, d'applaudir et de consacrer, par un compte-rendu, le mérite de ce livre ; mais nos lecteurs ne l'igno- rent pas, souvent il n'est pas permis d'écouter sa fantaisie, sur- tout quand c'est le devoir qui vous rappelle à l'ordre et vous re- fuse un moment de loisir. Notre rôle devant se borner à écrire des appréciations sérieu- ses et impartiales sur les livres d'art et de littérature, c'a été ce- pendant , pour ne pas déplaire à notre Directeur que nous nous sommes chargé de rendre compte de cet ouvrage en dehors de nos connaissances bornées et de nos attributions, aussi n'entre- prendrons-nous pas la tâche difficile de parler avec détails de la première partie de ce volume, consacrée au traité pratique des soins qu'exigent les graines pour leur éclosion, et de l'éducation minutieuse dés vers à soie, quoique cette première partie soit la plus importante de l'ouvrage, et que ses préceptes et ses conseils, l'invention et la description de la couveuse surtout en fassent un livre précieux pour les sériciculteurs. Nous laisserons les hom- mes pratiques étudier les procédés, fruits d'une sage et prudente expérience et si clairement décrits, et nous ne toucherons qu'au côté historique et littéraire, puissent les industriels nous pardon- ner ! Un jour on demandait à Louis XVIII son avis sur un poète. Bien que ce roi de France se piquât d'être un homme très-versé dans la poésie, sa conscience le força de répondre : « C'est un grand seigneur dans le monde de la pensée que je n'ai pas l'a- vantage de connaître. » Ainsi nous dirons de la plus grande par- tie de cet ouvrage, charmant volume d'une édition qui ne laisse rien à désirer comme netteté et correction. Nous avons lu toute- fois avec attention le livre de MM. de Gravillon et Roux, mais ce que nous pouvons dire seulement, sans craindre un démenti, c'est que les hommes du monde, aussi bien que les industriels et les commerçants, éprouveront un plaisir infini dans leur entretien avec ces deux spirituels et doctes écrivains. Nous voudrions louer de ce volume tout, depuis la première jusqu'à la dernière page, cependant il nous importe d'ouvrir ici les guillemets pour une légère observation. MM. Roux et de Gravillon se sont laissés tromper par l'obs- curité des documents dont ils se sont servis pour écrire l'his- toire des étoffes de soie , quand ils avancent que Charlemagne, en se rapprochant, par une étroite amitié, du kalife Haroun- (1) Un volume petit in-8 de 245 pages, sur papier fort. Lyon, imp. d'Aimé Vingtrinier.