page suivante »
ÉTUDE SUR LA CRÉMATION. 75 les funérailles actuelles, un notable avantage d'économie. Comme on ne peut assigner de bornes au génie d'invention moderne, nous nous garderions de désespérer de cette invention, mais jusque-là , nous n'entrevoyons guère la possibilité de l'adoption du nouveau système. Dans l'état des choses, c'est la chaux de la fosse commune qui offre le dernier terme du progrès, et je doute fort que son usage tente beaucoup de gens. Mais en supposant la découverte de ce procédé, resterait après l'avoir appliqué, une autre question, celle de l'asile à donner aux cendres précieuses échappées de la flamme. Pour le riche, ce n'en serait pas u n e ; il lui serait toujours facile d'établir dans ses villas ou ses châteaux, un columbarium où se garderait religieu- sement et toujours la sainte relique des ancêtres ; et encore , comment compter sur la stabilité de cette conservation, en présence des prodigieuses évolutions des fortunes modernes, et de la transmission incessante de la propriété ? Mais, où serait le columbarium du pauvre ? La mansarde et la chaumière offriraient- elles un refuge assez décent pour ces vénérables dépôts ? Ne serait-il pas souverainement irrespectueux de les voir transpor- tés de logements en logements, par suite du déplacement fréquent de la classe ouvrière dans les villes ? Il n'y aurait qu'un remède à cet inconvénient capital, ce serait la création de nécropoles populaires où l'urne du pauvre trouve- rait un asile public, digne et inviolable comme nos cimetières. - Evidemment, cette dernière condition est facile à réaliser. Mais ce qui le serait moins, ce serait d'appliquer aux campagnes ce qui se ferait dans les villes où le fonctionnement de toute chose sur une large échelle, permet de résoudre maintes diffi- cultés. Dans lés villages, les ressources matérielles et pécuniaires sont bornées. D'où il résulte, qu'en admettant pour les agglo- mérations urbaines la réalisation future de ce procédé funéraire, il resterait fatalement inapplicable pour les populations rurales. Enfin, en admettant la solution de tous ces problèmes, n'en resterait il pas un dernier plus tenace que les autres? L'inciné- ration ne répugnerait-elle pas aux masses, surtout à celles des campagnes? Notre délicatesse de citadins et de civilisés qui