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74 ÉTUDE SUR LA CRÉMATION.
Cependant, si dans la pratique du bûcher et de la crémation
il y a je ne sais quelle teinte et quelle odeur de paganisme, il
faut l'attribuer surtout à cette association d'idées inexactes qui
fait assez volontiers regarder comme païenne toute pratique en
vogue autrefois dans le paganisme. Mais je ne crois pas, sans
être théologien, qu'aucun texte formel de l'Ecriture , ou qu'une
réprobation expresse des Pères ou des Docteurs condamne la
destruction de nos dépouilles mortelles par le feu. Il semblerait,
au contraire, que cette destruction complète et rapide doit
plaire au dogme chrétien qui nous enseigne la grande destinée
future des corps. Notre chair, appelée à s'associer au triomphe
de notre âme, après la consommation des siècles, paraît être
plus décemment et dignement traitée quand elle disparait en un
clin d'œil dans le feu, cette substance qui épure tout, que
lorsqu'elle se dissout honteusement dans les cavités de la terre.
Notons bien, d'ailleurs, que devant le bûcher, les dernières
prières ne manqueraient pas aux morts ; elles les y suivraient
comme sur les bords de la fosse aujourd'hui. Oui, pour première
condition, ces suprêmes et consolantes cérémonies dont la religion
entoure nos obsèques seraient célébrées comme par le passé,
et la majesté du rite chrétien effacerait, jusqu'à son dernier
vestige, le relief païen qui pourrait rester attaché à cette
sépulture ignée.
§. IV. — POINT DE VUE PRATIQUE.
Envisagé de ce côté, le procédé de la crémation semble plus
chimérique. La question d'économie est tellement capitale
dans nos conditions de vie moderne, que toute pratique dépas-
sant le niveau des ressources communes devient inacceptable.
Or, il n'y a pas de doute que nos fortunes moyennes qui sont
les plus nombreuses ne pourraient suffire à ce vaste et somptueux
appareil des bûchers antiques ou indiens. Notre projet ne
serait donc qu'une pure utopie, si la science ne découvrait un
procédé physique ou chimique pour arriver sans trop de frais
à une consommation instantanée et parfaite des cadavres. Et ce
procédé au l'ait d'autant plus de succès qu'il saurait offrir sur