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LYON APRÈS LE IX THERMIDOR. 25 étaient attachés par les liens du patronage et des bienfaits; c'était la ville entière. Mais évidemment il n'avait pas de complices , c'est-à -dire des gens à qui il aurait fait confidence de ses projets ambitieux et qui étaient résolus aies seconder. Il n'y en avait point surtout qui fussent disposés à relever, au prix d'une guerre civile, une dictature avortée dans le sang de l'homme qui fut accusé d'y aspirer ; mais il fallait que la réaction se prononçât. Nous allons la voir naître et se développer par les périodes ordinaires de toute réaction : le déplacement des pouvoirs et la destitution des fonction- naires, puis l'invocation de nouvelles théories , puis la per- sécution des personnes, l'arbitraire nouveau substitué a l'ar- bitraire ancien, enfin , si le mouvement n'est point arrêté, l'explosion des haines publiques et privées , les assassinats et les massacres. C'est encore une loi commune a l'ordre phy- sique et à l'ordre moral que la réaction doit égaler en violence le mouvement auquel elle succède. Les représentants se disposaient à reconstituer les auto- rités de Lyon. Le bruit qui s'en répandit occasionna des mur- mures; les représentants allèrent jusqu'à se croire menacés. Ils se présentèrent au sein de la Société populaire. « Ils n'i- gnoraient pas, dirent-ils , qu'on avait cherché a égarer le peuple de cette cité ; en divers lieux il s'était tenu des pro- pos coupables. Les représentants du peuple ne craignent pas la mort ; ils viennent s'expliquer fraternellement au sein de cette Société où s'est toujours manifesté un calme énergique et vraiment grand. Ils ont cru devoir faire quelques change- ments dans les administrations. Ceux qu'ils y introduisent sont des hommes purs, voulant le bien et capables de l'opé- rer dans des moments difficiles... Que ceux qui ne sont pas réélus ne se tiennent pas pour injuriés ; bien loin d'attaquer leur civisme , nous déclarons qu'il n'y a aucun reproche à leur faire. »