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446 JEANNE D'ARC. Jeanne, monte au bûcher !.. monte !.. puisque la guerre N'a pas fait ton linceul d'un étendard conquis ; Tu ne pouvais finir par un trépas vulgaire Le rôle qui te fus commis. Du saint patriotisme immaculé symbole, Le martyre à ton auréole Ajoute un rayon immortel ; Le moyen âge est plein de ta grande figure ! Objet d'un culte ardent que l'histoire inaugure, Ton tombeau se change en autel. Ainsi,'"des siècles morts remuant la poussière, Lyrique Ezéchiel, j'aime à ressusciter Les héros ; au milieu de la foule grossière Je sens mon âme s'exalter Devant ces devoûments que ne sait plus notre âge, Plus d'ardente foi ! le courage Se détrempe en un vil limon. Honte à nous ! énervés comme le Sybarite, La lâcheté grandit sans qu'elle nous irrite j Honte ! notre Dieu, c'est Mammon !... Que pour muse, du moins, prenant sa conscience, Le poète, au mépris de son propre bonheur, Flétrisse ceux qui font consister leur science A transiger avec l'honneur ! Que son courroux, devant la coupe de Socrate, En hymnes généreux éclate Sur les modernes Anitus ! Ob ! depuis trop longtemps, comme un blasphème vibre Le cri qu'en se frappant, désespéré mais libre, Jeta le second des Brutus ! ROLLIN , Capitaine au 10e dragons.