page suivante »
442 JEANNE D'ARC. Lui qui flagellait tout de sa froide ironie, Comment, ô Jeanne d'Arc ! ce sceptique génie Aurait-il fait pour croire en toi? Moi, j'y crois !... moi, je veux, de son poème infâme, Dont les impurs feuillets maculeraient le pied, Venger, si je le puis, l'inspirée et la femme.... Ton échafaud est mon trépied ! Là , devant tes bourreaux, là , devant la patrie, Haletant, la voie attendrie, Sur le luth à la fibre d'or, J'entonnerai, pour toi, l'hymne d'apothéose. J'allumerai, s'ilfaut, le chant que je compose A ton bûcher qui fume encor. La France par Bedfort allait être asservie, Dans des combats sans fin sa force s'épuisait, Son pouls n'annonçait plus qu'un vain reste de vie, De misère elle agonisait. Son roi qui, le premier, eût dû ceindre l'épée, De maîtresses l'âme occupée, S'énervait dans un vil repos; Et, de ses fiers barons, jadis pleins d'héroïsme, Les plus puissants, poussés par un lâche égoïsme, Avaient déserté ses drapeaux. Le peuple qui bientôt allait sortir de l'ombre, Voyant le deuil partout et le droit contesté, Errait, sans certitude, à travers la nuit sombre Où s'effaçait la royauté. Pas un de ces grands cœurs que la patrie inspire, Qui, pour délivrer un empire*, Surgissent au jour du danger ! Pas un qui, relevant un tel peuple à sa taille, Le soulève, l'entraîne à travers la bataille, Et chasse avec lui l'étranger !