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                   BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.                    437

  Dans quel pays cette scène se passe-t-elle ? D'où viennent ces
juges prévaricateurs? ces riches sur qui on lâche citadins et
paysans ? ces prêtres qui trompent Lazare ? ces ouvriers qu'on
met en prison parce qu"ûs ont travaillé cinquante ans? Ce n'est
pas en France, Dieu merci.
  Allons, géant labeur, debout! voici l'aurore;
  Allons, vieux nourricier, debout ! Engraisse encore
  La molle oisiveté, l'égoïsme sans cœur!
  Pioche toujours ! Pendant que la faim te tenaille,
  Gargantua remplit son grand verre en futaille
  Où bouillonnent mêlés ton sang et ta sueur :
            Moi, la vieille Misère,
            Landeri, landera,
            Je fuirai cette terre
            Lorsque l'on s'aimera !
  Robustes ouvriers, au rude et franc langage,
  Travaillez au rabais ! Quand viendra le chômage,
  Que votre corps sera par la faim énervé,
  Alors j'arriverai, moi, dans votre mansarde.
  Et quand j'aurai vendu votre dernière harde,
  Mes mains vous jetteront mourants sur le pavé..
   Alors je flétrirai vos filles, votre femme,
   Je ferai marchander et leur corps et leur âme ;
   Mon pied les poussera sur le trottoir boueux !
   Alors j'étoufferai vos enfants dans leurs langes ;
   Puis, dans mon tablier j'emporterai ces anges,
   Afin de les jeter dans la fosse des gueux.
   Il doit y avoir quelque part, à l'Antiquaille ou àBicêtre, de ces
malheureux qui, nés et grandis entre les quatre murs d'un hospice
n'ont jamais vu ni fraîches campagnes, ni vigoureux villageois, ni
champs fertiles, ni gais visages, qui ne connaissent de la nature
que ces fleurs étiolées, ces arbres chétifs vivant à peine dans une
cour humide, de l'humanité, que ces pauvres malades que la cha-
rité publique accueille, que pansent des mains dévouées et qui
portent sur tout leur corps les sfygmates du vice, de la dégrada-