Revue du Lyonnais » série 2 - n°15 ( 1857 ) » pp.424

424                       BIBLIOGRAPHIE.
« Tout-Puissant préparait l'état fixe et parfait du genre humain
« par la liberté universelle. »
   Il avait été le théologien de Mirabeau. Nommé, en 1791, à l'As-
semblée législative, il fit parler de lui par une accolade frater-
nelle dont l'esprit du temps fit un baiser d'amourette. Mais il ne
se dégrada pas comme l'évêque constitutionnel de Paris. Il s'as-
socia aux malheurs de Lyon. Il y fut arrêté, en 1793; il fut
traduit à Paris. Emprisonné, il rétracta ses erreurs, au péril de
sa vie. Il eut la gloire du martyre sous la hache révolutionnaire.
   Deux événements graves étaient survenus à Paris : Mirabeau
était mort le 2 avril, et le roi s'était échappé des Tuileries, dans
la nuit du 20 au 21 juin.
    Enrichi par la liste civile, Mirabeau avait vu l'abîme où la
France se précipitait ; il s'était engagé à rallier un parti dispersé,
et à rétablir une monarchie que son audace avait ruinée. Cet
 espoir fort incertain fut de courte durée.
    Blessé dans ses affections et dans son autorité, outragé impu-
nément par les clubs et les journaux, Louis XVI avait le droit de
se soustraire à ses tyrans. Il exprima à l'Assemblée ses sentiments
 et ses plaintes, dans une adresse que le temps a justifiée. Tout
fut malencontreux dans sa fatale expédition ; le récit en est dé-
chirant. Barnave, l'un des commissaires chargés de ramener le
captif de Varennes, fut ému d'une si cruelle adversité. Il était
homme de bien. Sa conscience lui révéla ses erreurs et ses fautes ;
 Il ambitionna la mission que Mirabeau ne pouvait plus remplir.
    L'Assemblée avait prévu le départ du roi. Au même instant,
 sans s'arrêter, elle s'empare de tous les ministères et du sceau
 de l'Etat. Elle soumet les fonctionnaires civils et militaires à un
 serment d'obéissance à la nation qu'elle représentait et à la loi
 qu'elle lui ferait. Elle prouve bien que sa monarchie constitu-
 tionelle est une république, où le roi est un embarras facile à
 retrancher. Elle feint qu'il avait été enlevé; elle le fait garder
 plus étroitement. Elle célèbre l'anniversaire du 14 juillet. Le
 lendemain , elle décrète qu'elle rétablira l'autorité royale,
 lorsqu'elle aura achevé sa constitution et que le roi l'aura ac-
 ceptée .