Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                ET LES ACADÉMIES DE PROVINCE.                 383

d'accroître leur renommée et leur importance, sans porter
préjudice a leur originalité et a leur indépendance. Aurions-
nous a redouter d'un côté, une secrète jalousie, et, de l'autre,
quelques anciens préjugés contre la science et les académies
de province?
    Mais comment les sociétés savantes et scientifiques qui
ont tant contribué, dans le siècle dernier au triomphe de l'u-
nité intellectuelle et littéraire de la France, nourriraient-elles
des sentiments d'envie contre l'Institut qui est la représen-
tation de cette unité, contre une suprématie qui, dans les
lettres et dans les sciences comme en tout le reste, est la
splendeur et l'œuvre de la France tout entière? Comment
ne recevraient-elles pas de l'Institut un accueil plein de
bienveillance et de fraternité, puisque c'est de la province
que viennent, la plupart des hommes qui brillent a Paris,
dans les sciences et dans les lettres ? Si Paris achève de les
former, si Paris leur donne l'éclat et la renommée, c'est la
province qui les produit, c'est la ,'province qui les envoie.
Combien même n'en est-il pas qui ont commencé leur répu-
tation au sein de ces modestes mais utiles académies ! Ils ne
sauraient donc avoir des préjugés contre elles, encore moins
les dédaigner sans injustice et sans ingratitude.
   Montesquieu, au commencement du XVIIIe siècle, plaidait,
comme nous aujourd'hui, la cause des académies de pro-
vince dans un discours de rentrée h l'académie de Bordeaux :
« Qu'on se défasse surtout de ce préjugé que la province
n'est point en état de perfectionner les sciences, et que ce
n'est que dans les capitales que les académies peuvent fleu-
rir. Ce n'est pas du moins l'idée que nous ont donnée les
poètes qui semblent n'avoir placé les muses dans les lieux
écartés et dans le silence des bois pour nous faire sentir que
ces divinités tranquilles se plaisent rarement dans le bruit et
dans le tumulte. » S'il était nécessaire, ce que je ne pense