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                          BIBLIOGRAPHIE.                          34b

    Les événements continuent à marcher en avant, et en dehors
 des décrets de l'Assemblée nationale.
    Au tocsin de Bourgoin, le peuple s'arme pour combatre dix
 mille Savoyards qui brûlent notre pays et égorgent nos frères. A
 qui imputer le stratagème de la terreur panique qui au même
 instant frappe toute la France? M. Morin reproche à M. de Muri-
 nais, seigneur du territoire de la Tour du Pin, d'avoir confirmé la
 fausse nouvelle. Il en absout la bourgeoisie de Lyon, qu'il appelle
le tiers-état libéral. Il n'en attribue la cause mystérieuse, ni à
la conspiration d'un parti, ni à l'instinct du peuple. Il admet
 comme probable le concours fortuit des agents , soit de l'aristo-
 cratie , soit de l'étranger , soit d'un ambitieux qui aspirait à dé-
trôner la branche régnante.
   Quelle que soit la cause, son résultat fut d'abord d'armer une
partie de la population, et ensuite de mettre sur pied toute la
France. Le tiers-état, par cette armée nouvelle , devenait plus
puissant que la noblesse et le clergé. Il avait abrogé, par sa seule
autorité, les anciens usages et les derniers édits de Louis XV,
qui réservaient à la noblesse le privilège des grades militaires.
L'aristocratie fut étrangère à la conspiration d'une faction qui
méditait de tout bouleverser, et qui peut-être avait une part
dans les 2b millions de fonds secrets du ministère britannique.
   Entraîné par les bandes qui s'y mêlèrent, le peuple du Dau-
phiné, marchant au nom du roi, brûle les châteaux et les ar-
chives de la féodalité. La garde bourgeoise de Lyon, qui n'avait
rien de féodal, sortit de ses murs, et après du sang répandu sur
un champ de bataille , vainquit ce brigandage. Elle sauva du
pillage la ville de Crémieux et le couvent de Salette. A son re-
tour, elle fut assaillie à coups de fusil dans les rues étroites de la
Guillotièr,e. M. Morin rappelle ici : « que ce faubourg conservait
« une juste et vieille inimitié , parce que le consulat l'avait pos-
« sédé comme un fief. » Quelle excuse pour un tel guet-apens V
   On tenait des prisonniers ; une commission prévôtale, à Gre-
noble et à Vienne , prononça des peines capitales. On murmura,
dit M. Morin , de ce qu'on n'avait pas fait grâce à des malheu-
reux, de ce qu'on forçait des paysans à fuir dans des montagnes