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340 BIBLIOGRAPHIE, caisse municipale des capitaux aliénés à perpétuité pour une rente modique. Il y a eu des titres au denier cinquante, c'est-à - dire à deux pour cent. Il ne fallait donc s'effrayer ni du rembour- sement d'un capital de quarante millions ni du service de son intérêt annuel. Notre consulat était, au témoignage dz Savary, le plus vénéré de l'Europe. Je doute qu'il fût coupable d'un dé- sordre dans nos finances. Si la ville avait son passif elle avait aussi son actif ; on doit, en outre, porter en compte la riche dot de nos corporations civi- les et de nos communautés religieuses, c'étaient bien nos conci- toyens qui enjouissaient. La nation a confisqué nos biens et s'est chargée de notre dette. Elle a imposé à nos créanciers des for- malités que la plupart ont négligées. Elle a frappé les uns de dé- chéance et elle a réduit les autres au tiers de leur capital. Elle a appelé cette double faillite consolidation. Quelle façon nouvelle d'administrer les finances et de réprimer les dilapidations ! Notre fabrique de soierie avait à peu près quinze mille métiers, et il y avait cinquante-huit mille ouvriers de tout genre. Quatre mille métiers furent vacants en 1787 ; c'était force majeure -, point de soie ni en France , ni en Italie , ni en Espagne. Les grands revers, suivant l'expression de l'archevêque Montazet, élevèrent les grandes âmes. La charité eut des trésors que n'a point la bienfaisance officielle. J'en citerai un seul trait. Une souscription volontaire, en quelques jours du mois de novembre, versa cent cinquante-cinq mille francs à l'Hôtel-Dieu pour amé- liorer la couche des malades. Après ce désastre, survint l'hiver de 1739 -, on se souvient de la vigilance de l'administration et du zèle généreux de tous pour en adoucir les rigueurs. Le 29 mars 1788, Louis XVI avait fait don à la ville , pendant vingt ans, de ses droits sur les maîtrises, et il avait invité le consulat à avancer trois cent mille francs pour soulager les ouvriers sans travail. La charité, qu'on ne s'offense pas de ce mot religieux , il exprimait l'amour de Dieu et des hommes, la charité ne se tarissait pas, et toute bienfaisance im- posée dessèche la société et tarit la source de la fortune publique. Avant 1789, l'agriculture avait découvert son remède à la di-