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                         NOTE SUR BÉRENGER.                       2(53
   Né en Provence, M. Bérenger, l'auteur de la Cantate, s'était
fixé à Lyon, en l'an 1789 ; il y avait publié plusieurs livres fort
goûtés de l'adolescence et notamment, la Morale mise en exem-
ple. Après la journée du IX thermidor, an II, il appartint,
selon l'expression du temps , à ce parti d'honnêtes gens qui
se ralliait pour résister aux ravages de l'anarchie. Lorsque le
gouvernement consulaire créa le Lycée de Lyon, il en fut
l'un des principaux directeurs ; il avait été le professeur le
plus influent de l'École Centrale qui avait précédé le Lycée ; il fut
membre de l'Académie à l'heure même ou elle fut reconstituée
sous le nom d'Athénée. En 1816, il accorda la main de sa fille
unique à M. de Corcelle, président du tribunal de Bourg. Quand
même il eût été doué du plus haut génie poétique, il n'aurait pu
exprimer, dans sa Cantate de 1802, tel qu'il était alors, l'enthou-
siasme de tous pour le premier Consul. Démolie par la Conven-
tion, persécutée par le Directoire, travaillant en vain sous les
ruines, la ville de Lyon, en 1799, avait mis son espoir dans le
conquérant qui lui revenait d'Egypte ; et, autant qu'il avait été en
elle, elle lui avait inspiré pendant son heureux séjour sa pro-
chaine journée du XVIII brumaire.
   Quant au Béranger, dont les refrains de table sont connus de
la France entière, il aurait pu composer une Cantate en 1802,
puisqu'il était né en 1780, mais il ne faisait point assister sa Musc
aux batailles de Lodi, de Zurich, de Hohenlinden et d'Iéna,il lui
faisait habiter les quartiers de Paris. S'il l'envoyait à Ivetot, c'é-
tait pour honorer les quatre repas d'un Roi dont la soif était un
peu vive, et dont le portrait était l'enseigne d'un cabaret, il la
faisait gémir sur les ennuis de la gloire impériale qui mettait la
gailé en déroute, il lui faisait décrire la toilette de Frétillon et
raconter la vie de sa grand'mère. Mais sous Louis XVIII, son
langage fut une révolution. Le trône de l'auteur de la charte fut
pour lui le char de Thersite ; c'est alors qu'il regretta et loua le
temps passé, où, à l'âge de vingt ans, il vivait dans un grenier et
où Bonaparte était vainqueur à Marengo.
   11 est important de conserver à l'histoire sa vérité, et de mar-
quer de leurs différences le professeur Bérenger et le poète
Béranger. Le premier, dont les livres ne sont point oubliés,
représente, par son enseignement moral, l'esprit et les mœurs
de notre province. Le second, par ses chansons, représente fidè-
lement le génie et le caractère d'une partie de la population de
Paris.                           Marc-Antoine PÉRICAUD.

                 CHRONIQUE LOCALE.
  Notre ville a vu ce mois-ci de nouveaux embellissements surgir comme
par enchantement à la voix de nos édiles. Au commencement du mois on
a exhaussé la fonlaine de la place de la Préfecture, et changé les figures