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236                        INSCRIPTION ANTIQUE.
 pouvoir donner sur lui quelques renseignements ; mais on com-
 prend que son rôle tout local, dans une cité de second ou même
 de troisième ordre, ne nous laisse guère l'espoir de le voir men-
 tionner ailleurs que sur son tombeau. Tout ce qu'on peut conclure
 de la forme de l'inscription, c'est qu'il a vécu au deuxième siècle.
    Ce que je tiens à signaler dans notre inscription, c'est qu'elle
est une preuve nouvelle et péremptoire que la cité des Ségusiaves
était complètement indépendante de Lyon. Cette ville, quoique
fondée sur le territoire même des Ségusiaves, comme nous l'ap-
prend Pline, « Segusiabi liberi in quorum agro colonia Lugdu-
num (1), » n'en fit pas d'abord partie. En sa qualité de colonie
romaine, elle vivait d'une vie particulière.
    Nous possédons d'autres monuments faisant mention de la cité
des Ségusiaves, cité libre, suivant les termes de Pline, confirmés
par plusieurs de noS inscriptions (2) ; l'un d'entre eux nous fait
même connaître un duumvir de cette cité ou nation (3) ; mais
aucun n'est aussi explicite que le monument récemment décou-
vert, lequel constate indirectement l'existence de l'ordo, autre-
ment dit d'un sénat, chez les Ségusiaves, et, par là même, la
constitution de ce peuple en nation distincte et indépendante.
   Malheureusement cette nationalité fut bientôt absorbée par la
ville de Lyon. Il m'est impossible de dire l'époque précise de sa
disparition ; mais ce que je sais, c'est qu'elle ne survécut pas au
quatrième siècle, à partir duquel on ne voit plus reparaître le
nom des Ségusiaves, tandis que celui de leurs voisins, les Eduens
et les Arvernes, a persisté jusqu'à nos jours.
   Voici comment les choses se passèrent :
   Sous Auguste, la Gaule celtique prit le nom de Lyonnaise, par
suite de l'importance qu'avait acquise la ville de Lyon. Sous
Diocletien, c'est-à-dire vers la fin du troisième siècle, ce pays

   (1) Voyez mon Mémoire sur les origines du Lyonnais, p. 14. (Recueil de
la Société des antiquaires de France, t. XVIII, p. 350).
   (2) L'abbé Roux, Recherches sur le Forum Seyusiavornm , pi. IV, V, VI,
VU, VIII.
   (3) lbid., pi. I, e\ Mémoires des Antiquaires de Frunve , I. XVIII, p. 262.