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LETTRES DE GUtCHENON. 233 Les mouvements ,les plus impétueux de l'âme sont ordi- nairement les moins durables. Bientôt, avec la réflexion, le remords entra dans le cœur d'Humbert III. Sous le poids des peines canoniques, la solitude de Hautecombe ne lui offrait plus la douceur et le calme qu'il y avait goules jusques alors. Saint Anthelme touchait à sa fin, et il n'était bruit, dans toute la Savoie, que des miracles et des prodiges par lesquels Dieu se plaisait à glorifier les mérites de ce grand serviteur del'Êglise. Surgam, ibo adpalrem, se dit Humbert, et il partit en effet, accompagné de Philippe de Vienne, son beau père, pour aller à Belley, se réconcilier avec le prélat mourant. Bien il fit, pour lui et pour toule sa race, de céder à ce bon mouve- ment, car la main qui lui avait infligé I'anathème, se leva pour le pardonner et le bénir, ainsi que nous l'apprend une tradition touchante et vénérée. Des trois épouses qu'il avait eues, Humbert n'avait qu'une fille que lui avait laissée la seconde, Béatrix de Vienne ; la troisième, était jusques alors restée stérile. Or, pendant que saint Anthelme prononçait sur la tête d'Humbert agenouillé auprès de son lit, la formule de la bénédiction : Que le seigneur bénisse toi et ton fils, dit à haute voix le saint Prélat ! Ta fille ! la fille, reprirent les assistants qui croyaient à une méprise de sa part. Que le sei- gneur bénisse toi, ton fils et toute ta postérité, répéta, d'un ton prophétique, le généreux patron du Bugey et de la mai- son de Savoie, et l'année suivante, (1177), les étals de Savoie saluaient avec jubilation la naissance du comte Thomas, héri- lier/ef successeur du pieux Humbert III. Mes BAUX.