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                      LE VÈRË DE LA CHAIZE.                              195

déminent à la revocation : on ne pouvait oublier les maux causés
à l'Etat par les protestants. C'était un intérêt de tradition et de
prévoyance plutôt qu'une nécessité du moment            Toutes les fois
que la guerre avait lieu , le gouvernement avait une crainte fon-
dée de voir les Anglais et les Hollandais débarquer des troupes
dans les foyers protestants. »
   L'État se fût-il trouvé pleinement à l'abri d'une insurrection
calviniste, que l'intérêt de la religion eût conseillé seul cette me-
sure. Louis XIV était poussé par l'esprit même de son siècle,
comme nous le verrons plus tard, à révoquer PÉdit de Henri IV.
La nation entière qui était alors profondément religieuse et mo-
narchique souffrait avec impatience l'exercice public de la religion
réformée, et si la tolérance civile était dans la loi, elle n'était point
à coup sûr dans les mœurs. Les protestants avaient attaqué avec le
même acharnement les dogmes les plus saints, les vérités morales
les plus incontestables, les principes sociaux et politiques les plus
évidents et les plus nécessaires. « Rendre à la vraie religion sa
splendeur, assurer pour l'avenir la tranquillité de l'État, raffermir
les droits de l'autorité qui avait été obligée de transiger avec la
rébellion armée, voilà les trois grands motifs, les trois grands
intérêts qui faisaient envisager la révocation de PEdit de Nantes
comme une mesure salutaire (1). »
   Il nous reste à dire comment les tendances catholiques du XVII e
siècle, venant en aide à la raison d'Etat, Louis XIV fut insensi-
blement amené à prendre cette grave résolution. Nous examine-
rons quels furent les moyens employés pour arriver à ce but ;
nous tâcherons de faire ressortir les influences personnelles et
les motifs qui hâtèrent la signature de PEdit ; quelle fut la con-
duite du P. delà Chaize pendant tout le cours de ces événements ;
enfin quelles furent les conséquences de la révocation au point
de vue religieux, politique et social.
                                             R. de CHANÃELAUZE.


   (1) Histoire de madame de Mainlenon, par le duc de Noailles, t. II.


   (La suite au prochain         numéro).