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                        LE 1>ÈRE DE LA CHA1ZE.                              185
 l'État, démembrèrent le royaume, rompirent l'unité nationale et
 territoriale. Qu'avec des rois, tels que Charles IX et Henri III,
 passant envers eux de la tolérance et des concessions à la guerre,
 aux proscriptions, aux assassinats, ils recourussent à ces extré-
mités désastreuses pour le pays, c'est ce dont on gémit, mais
c'est ce qu'on excuse quand on songe qu'ils avaient à défendre
leur vie et leur religion. Mais les bons citoyens les blâmeront
éternellement d'avoir employé les mêmes moyens avec un prince
élevé dans leurs croyances qu'il n'avait quittées qu'à regret,
ami de leurs personnes, religieux observateur de sa parole, même
avec ses plus cruels ennemis.... Leur conduite accuse plus les
Huguenots que les reproches de tous les catholiques réunis. » (1)
    Ils modelèrent leur nouvelle organisation républicaine sur celle
des Pays-Bas : ils eurent une administration, des finances, un
pouvoir législatif, un pouvoir exécutif distincts de ceux du pays,
des circonscriptions territoriales à part. « Il ne leur manquait
qu'un Stathouder huguenot à opposer au roi de France et ils le
cherchaient. » Maîtres qu'ils étaient de deux cents villes et
d'une armée bien disciplinée, ils forcèrent la main au roi. Non
contents d'avoir obtenu de lui la liberté de conscience absolue,
l'exercice public de leur culte en une infinité de lieux, un état
civil absolument semblable à celui des catholiques, le droit de
pouvoir exercer tous les états, offices, charges, dignités tant roya-
les que seigneuriales et municipales , ils contraignirent Henri IV
à reconnaître et à subir leur existence comme parti politique.
L'Édit de Nantes leur accordait deux espèces d'assemblées :
assemblées pour cause de religion, telles que consistoires, collo-
ques, synodes provinciaux et nationaux, et les assemblées politi-
ques. L'Édit leur laissait en outre les deux cents villes dont ils
étaient maîtres, et qui pour la plupart étaient fortifiées. Pouvoir
excessif, dangereux, qui tôt ou tard ne pouvait qu'aboutir à une
catastrophe. Aussi, M. Poirson n'hésite-t-il point à reconnaître
que « l'Édit de Nantes était plus funeste que les Traités de la
Ligue, puisque les traités ne concédaieut que de l'argent et des

  (1) Hisl. dit rl'i/nc dr Henri IV, par M. Poirson. t. I, p. 337 elsuiv.