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             TRADUCTION LIBRE DU BEATUS.              i(>

Qui descend son corset aux confins de sa taille,
Et des yeux masculins affronte la mitraille ;
Mais une femme brune aux robutes appas,
Qui des feux du soleil ne s'épouvante pas,
Qui garde pour lui-seul ses attraits en partage,
Allaite ses enfants, surveille le ménage,
Trait sa vache, elle même, ou lui porte le foin
Et qui, bravant la mode, ignore le besoin
D'atteler sottement, au bas de son échine,
Le risible embarras d'une ample crinoline.


Quand il rentre, le soir, chargé de son carnier,
Sa femme d'un feu clair fait briller le foyer,
Et, prévoyant l'assaut qu'une faim formidable
Voudra bientôt livrer, elle dresse la table.
Le petit vin du crû n'a pas un nom vanté,
Mais il se boit tout pur et n'est pas frelaté.
Le beurre du matin ne sent jamais le rance
Et, dans la basse-cour peuplée en abondance,
On trouve, à chaque instant, un rôti toujours prêt.
Oh ! que m'importe donc un dîner de Chevet,
De la vaisselle plate, une splendeur royale,
Les mets les plus exquis, les huîtres de Cancale,
Les fabuleux biftecks d'Alexandre Dumas,
Les poissons monstrueux, les pâtés de foie-gras,
Et les vins que Noé mit lui-même en bouteilles !
J'abandonne aux blasés ces sublimes merveilles :
Je préfère cent fois la bonne soupe *aux choux ,,
Le chevreau préservé de la gueule des loups,
L'agneau du temps pascal et surtout leur fressure,
L'olive dont le suc doit dorer la friture,
Le fruit mûr, vierge encor du contact de la main,
La salade bien fraîche, élève du jardin,
Et je voudrais trouver un émule d'Homère
 Pour chanter les vertus de la pomme de terre.